Critiques

Melody's Echo Chamber

Emotional Eternal

  • Domino Recordings
  • 2022
  • 35 minutes
6

Melody’s Echo Chamber est un projet musical mené par une autrice-compositrice-interprète d’origine française et friande de pop psychédélique, Melody Prochet. En 2013, elle nous proposait un premier long format homonyme réalisé par nul autre que Kevin Parker (Tame Impala). Six ans plus tard, elle revenait à la charge avec Bon Voyage, un disque qui mettait en vedette une nouvelle équipe toute suédoise à la réalisation : Fredrik Swahn et Reine Fiske, membres de la mésestimée formation The Amazing. Sur Bon Voyage, Prochet nous présentait une création hautement ésotérique qui peinait à nous garder captifs.

Enregistré en pleine forêt suédoise, en banlieue de la capitale Stockholm, et avec le même duo affecté à la réalisation de Bon Voyage, Melody’s Echo Chamber nous présente Emotional Eternal. Au sujet de la genèse créative qui a mené à l’avènement de cette nouvelle galette, Prochet déclarait ceci dans le communiqué de presse remis par Domino Recordings : « J’ai guidé les sessions d’enregistrement avec simplicité – contrairement à la grandiloquence de Bon Voyage et à la folie de mes fantasmes. J’ai fait de grands changements qui ont eu un impact important sur ma vie. Ça m’a amenée à être plus sereine et je crois que cet album reflète ça ».

Fortement influencé par des formations comme Beach House, Blonde Redhead et Tame Impala, Melody’s Echo Chamber peine parfois à se démarquer de ses contemporains… et ce nouvel opus ne changera rien à ce constat. Malgré les tentatives d’expérimentations renouvelées tout au long de ce Emotional Eternal — et malgré les nombreuses auditions accordées à ce disque — on note un éparpillement stylistique qui mériterait d’être grandement resserré. Et c’est sans compter sur les trop grandes similitudes entre les propositions chansonnières de Prochet et celles des artistes susmentionnés.

Par exemple, dans Pyramids in the Clouds, de manière forcée, on passe de la pop rêveuse arabisante à une sorte de krautrock domestiqué. Idem en ce qui concerne Where the Water Clears the Illusion qui oscille entre l’électro-pop moderne de Metronomy et l’indie pop vieillissante d’un groupe comme The House of Love; une formation quand même fort respectable, soit dit en passant.

Par moments, Melody’s Echo Chamber nous la joue à la manière de Tame Impala. Dans Looking Backward, le son de basse bondissant et les sonorités évoquant les rêves d’enfance de voyages intergalactiques sont beaucoup trop associés à la pop-psyché de la formation australienne. En contrepartie, Prochet et ses acolytes sont au sommet de leur forme dans la conclusive Alma_The Voyage. Cet hymne à la maternité s’appuie sur une rythmique pop rétro et une charmante ligne pianistique, auréolées par une flûte traversière. Cette pièce se conclut de manière magistrale grâce à l’arrivée ingénieuse de cordes frémissantes.

Bien sûr, on acquiesce aux efforts consentis par Prochet afin de modifier ses tics compositionnels, mais la dispersion stylistique et la trop grande ressemblance aux pointures de la pop psychédélique éthérée mentionnées précédemment, nous empêche d’être conquis.

Un long format qui fera amplement l’affaire lors d’un souper arrosé/animé… en fond sonore !

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