Megadeth
Dystopia
- Tradecraft / Universal Music Group
- 2016
- 47 minutes
Quand j’étais gamin, il y avait deux clans à mon école secondaire. Les fans de Metallica et les tripeux de Megadeth, fâchés parce que Metallica avait foutu Dave Mustaine à la porte. Je faisais partie de cette dernière catégorie et je trouve encore aujourd’hui que Rust In Peace mange deux Ride The Lightning pour déjeuner (même si c’est pas mal moins bon qu’au moins 6 albums de Slayer).
Tout ça pour dire que chaque fois que le groupe à géométrie variable du rouquin hargneux sort un disque, je lui jette une oreille attentive, en souvenir du bon vieux temps. Dans la discographie de Megadeth, il existe deux types d’albums: les albums de thrash classiques (Killing Is My Business jusqu’au dilué Countdown To Extinction et certains titres de la discographie ultérieure) et les albums où le groupe essaie de s’aventurer en territoire plus commercial en se plantant royalement. L’avant-dernier album, Super Collider, faisait partie de cette catégorie aux côtés de Youthanasia, Risk et Cryptic Writings. Résultat: tout le monde le haïssait. Les fans, les critiques et probablement l’ensemble du band sauf Dave. Je suis même prêt à parier que le graphiste responsable de la désastreuse pochette le détestait aussi.
Ce qui nous amène au 2234e changement de line-up (ou à peu près). Fini Shawn Drover et Chris Broderick (pour ceux qui ont suivi jusque-là). C’est maintenant Chris Adler de Lamb Of God qui joue des tambours et le brésilien Kiko Loureiro qui se fait aller la 6 cordes en duo avec Mustaine. Dave Ellefson, lui, tient toujours la basse. Dystopia est le travail de ce quatuor et, évidemment, on retourne vers le style que Mustaine et cie maîtrise le mieux: le thrash vieille école.
Ça, ils le font bien. Très bien, même. Mais c’est également ça le plus gros problème de Dystopia. C’est tellement joué par des gars assis devant des ordis avec les guitares «jackées» dans des plug-ins que ça tape sur le système. C’est tellement technique, propre et remâché qu’on peine à s’y amuser comme dans le temps. Côté paroles, c’est un peu la suite de United Abominations. On a droit aux mêmes vieux délires politico-paranoïaques de Mustaine. Le gars a déjà dit en entrevue que les fusillades dans les écoles aux States étaient commandées par l’administration Obama pour mettre des bâtons dans les roues de la National Rifle Association. Tu vois le genre?
Verdict final, les fans qui ne jurent encore que par leur groupe chéri et se lèvent la nuit pour haïr Metallica vont probablement bien aimer ce disque. Pour le reste du monde, il serait peut-être temps de se tourner vers la relève du thrash métal qui ne demande pas mieux que de se faire booker dans tous ces festivals de dinosaures qui attirent les foules (je pense à Power Trip, Iron Reagan, Skeletonwitch ou même Toxic Holocaust). Je vous garantis que ces groupes-là ont pas mal plus de fun à faire de la musique.
Ma note: 6/10
Megadeth
Dystopia
Tradecraft/Universal
47 minutes
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