Mark Lanegan
Imitations
- Vagrant Records
- 2013
- 41 minutes
Au mois de mai dernier, Mark Lanegan et Duke Garwood faisaient paraître l’excellent Black Pudding; un album de blues désertique et tourmenté, essentiellement en mode acoustique. Cette semaine, l’inépuisable Lanegan revient à la charge avec un assemblage d’interprétations aussi issues de la collection de disques de ses parents, que d’artistes musicaux que le ténébreux chanteur affectionne particulièrement. Depuis longtemps, Lanegan désirait créer un album aux arrangements somptueux inspirés directement des sitedemo.cauctions élaborées par des pointures telles que Dean Martin, Frank Sinatra et Perry Como… tout en conservant cette facture folk/blues qui le caractérise si bien. Donc, il nous présente son huitième album studio intitulé Imitations.
Au menu, des adaptations de chansons de créateurs musicaux aussi diversifiés que Chelsea Wolfe, The Twilight Singers, John Cale, Nick Cave, Bobby Darin et Nancy Sinatra, pour ne nommer que ceux-ci. Il faut se le dire sans faux-fuyant, ce que nous révèle Mark Lanegan sur ce Imitations pourrait s’apparenter à une conception sonore assez pantouflarde… ceux qui affectionnent Lanegan en mode blues/rock seront désarçonnés par Imitations.
Il faut prendre ce disque comme un intermède dans la carrière irréprochable de l’ex-chanteur de Screaming Trees. Le vétéran se fait plaisir… et fidèle à son habitude, incapable de médiocrité, il réussit à nous captiver et à nous charmer. Pourquoi? Tout simplement parce que l’homme a du goût. Il parvient avec brio à remettre en selle l’esthétique sonore que l’on pouvait entendre sur les radios AM dans les seventies: orchestrations opulentes, basse ronde, cordes, guitares arpégées discrètes et l’ensemble systématiquement fertilisé par cette voix rauque qui a du vécu.
Même si Imitations est une réussite délicatement en deçà de plusieurs autres réalisations du vocaliste (Blues Funeral, Bubblegum), ce disque pourrait constituer une bien belle manière d’entrer en contact avec l’univers sonore de Mark Lanegan. C’est un disque simple, élégant, juste assez fastueux, qui met en relief plus que jamais les capacités vocales de Lanegan et qui pourrait être fortement apprécié par le mélomane adulte.
Parmi les pièces de résistance de ce Imitations, nous avons noté l’acoustique/duveteuse Flatlands de Chelsea Wolfe, la superbe Deepest Shade des Twilight Singers (Greg Dulli), la version épurée de You Only Live Twice de Nancy Sinatra, l’orchestrale Solitaire d’Andy Williams, la bellissime I’m Not The Loving Kind de John Cale et l’émouvante Automn Leaves toujours d’Andy Williams. Par contre, Lanegan se risque dans la langue de Molière sur Élégie funèbre de Gérard Manset… et ce n’est pas tout fait abouti.
Les artistes salués par Mark Lanegan peuvent se bomber le torse, car le maître d’œuvre arrive à redonner du panache à ces chansons majoritairement oubliées. Bien entendu, nous le préférons en mode plus rock, mais nous sommes forcés d’admettre que même si cette réalisation est absolument casanière, Lanegan y va d’un autre effort de qualité. Lanegan fait son chemin dans un relatif anonymat et construit un corpus chansonnier intemporel, souverain et impérissable. Un colosse en devenir!
Ma note : 6,5/10
Mark Lanegan
Imitations
Vagrant Records
41 minutes
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