Critiques

Mark Berube

Russian Dolls

  • Bonsound
  • 2013
  • 34 minutes
8
Le meilleur de lca

BONAL027_Cover_HRBien malin celui qui pourrait deviner les origines de Mark Berube à l’écoute de sa musique. Mark Berube, le globe-trotter, nous revient avec son Russian Dolls. L’œuvre de Berube témoigne sans aucun doute d’une grande connaissance et d’une large culture musicale. Sans l’ombre d’un doute, Berube puise son inspiration des nombreux endroits habités et y va de diverses inflexions, qu’elles soient folk dans sa facture et jazz/progressive dans la construction de sa pop. On a affaire à un auteur-compositeur-interprète des plus inspiré.

Russian Dolls est l’album le plus réussi de Berube. On a ici un album réalisé par Jace Lasek (tête dirigeante du groupe Besnard Lakes) qui fut enregistré au Breakglass Studio à Montréal. On a droit à la qualité de travail de Lasek (Wolf Parade, Land of Talk, Suuns) mais on sent également la force de l’artiste qui fait en sorte que nous n’avons pas nécessairement l’empreinte du son indie de Montréal. On sent plutôt une belle complémentarité de la réalisation qui se met au service des compositions.

L’album s’ouvre avec Russian Doll, superbe pièce débutant sur une rythmique constituant un clin d’oeil à Steve Reich au piano et qui donne clairement le ton à l’album: nous aurons droit à de la pop intelligente! Russian Doll est une pièce qui démontre toutes les qualités de Mark Berube: un timbre de voix posé et chaud (à la Dave Matthews), les harmonies de voix et le violoncelle de sa comparse Kristina Koropecki ainsi que son jeu pianistique. S’ensuivent Confessions To A Streetlight à l’ambiance de cabaret enfumé avec une certaine saveur Leonard Cohen de même que les arrangements de cordes de l’excellente Carnival qui nous positionnent dans le même environnement que Paper Tiger de Beck. Les morceaux de Russian Dolls sont superbement ficelés. Des pièces comme Ethiopia et The Good, The Bad And The Photograph semblent très bien résumer le son Mark Berube; arrangements animés, progressions d’accords surprenantes. On pensera même à Sufjan Stevens sur l’élégante Mississippi Prom.

Avec Mark Berube, on sent un artiste qui possède un son clairement défini. Oui, on peut faire des comparaisons avec d’autres artistes, voilà un des jeux préférés du critique, mais force est d’admettre que dans le cas de Berube, cela le rend inclassable et le place dans la cour des grands. Dans la qualité et la sensibilité de ses chansons, on le sent universel au même titre que les Peter Gabriel, Paul Simon et de façon plus moderne aux Ray Lamontagne, Joseph Arthur, Badly Drawn Boy, tandis que sa voix nous fera penser à Neil Hannon de The Divine Comedy, Stuart Staples de Tindersticks et bien sûr à Dave Matthews.

Avec Russian Dolls, Mark Berube figurera avant longtemps comme un des prochains portes-étendard de la scène musicale de Montréal. À l’écoute de sa musique, on lui souhaite et on le sait capable de composer un succès de qualité tel Somebody That I Used To Know de Gotye qui pourrait le propulser vers une reconnaissance mondiale. Un autre artiste, qui une fois de plus fait de Montréal, une ville musicale de renom. Un album majeur qui se retrouvera sur la liste des prix Polaris de 2014.

Ma note : 8/10

Mark Berube
Russian Dolls
Bonsound
34 minutes

www.markberube.com/fr/

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