Critiques

Marina

Princess of Power

  • Queenie Records
  • 2025
  • 48 minutes
6,5

Cette année, à Coachella, Marina Diamandis, anciennement Marina & the Diamonds, a marqué les festivaliers avec une nouvelle chanson qui allait l’aider à franchir une étape symbolique dans sa longue carrière. Ce titre, aussi fou, sonne-t-il, c’est CUNTISSIMO. C’est un vrai morceau pour faire bouger la foule avec les violons, les synthétiseurs, et… merde, ce son contient tout de même la phrase « Does anybody still say YOLO? » Je ne sais pas, c’est un poil stupide, mais il y a quelque chose de charmant là-dedans. Mais ce morceau témoigne d’une carrière rocambolesque pour la chanteuse et des attentes immenses que ses fans ont pour elle à chaque fois qu’elle se pointe au tournant.

On dit souvent des fans de certains artistes que ceux-ci souhaitent voir leurs idoles revisiter les sonorités d’époque précédente, et cela a rarement autant été le cas pour les amateurs de Marina. Depuis qu’elle a abandonné l’extension « & the Diamonds », plusieurs ont été laissés en dehors de la pop générique de Love + Fear et des commentaires politiques à moitié aboutis d’Ancient Dreams in a Modern Land. Lors du dévoilement du premier simple de ce nouvel album, Butterfly, la tendance semblait se poursuivre : l’accueil initial ayant été mitigé en raison de ses paroles relativement simples et de son refrain. Heureusement, le public a pu profiter d’autres morceaux, comme CUPID’S GIRL et le déjà mentionné CUNTISSIMO, afin de faire monter les attentes. Cette fois, ça allait être différent. Mais bref, moi, je suis là avant tout pour de la bonne musique, peu importe son emballage.

Évidemment, pour un album dont l’acronyme signifie littéralement POP, on ne pouvait pas s’attendre à des paroles aussi recherchées que sur The Family Jewels ou encore Froot, mais ici, cela n’est pas le but. Princess of Power cherche volontairement à ne pas se prendre au sérieux. C’est l’été, les gens cherchent de la légèreté, et Marina Diamandis leur en donnera. Et des fois ça marche, des fois moins. Parmi les bons coups de l’album, on compte PRINCESS OF POWER, chanson d’ouverture, qui file un sourire aux lèvres instantané. Les canons de la pop y sont tous présents, et l’amour profond que porte Marina à ce genre musical est palpable. En retour, impossible de ne pas au moins bouger de la tête : c’est contagieux à ce point.

Ailleurs, ça va être des idées dans les productions qui vont faire plaisir, même si entendu. Évidemment que, sur METALLIC STALLION, il va y avoir des basses imitant le galop de cheval. Évidemment, sur CUPID’S GIRL, on entendra le bruit d’une flèche qui atteint sa cible, ainsi que la phrase « Cupid, you’re so stupid trying to resist my kiss ». Évidemment que, sur FINAL BOSS, on entendra un « Game over » pour signaler l’illustre défaite de l’adversaire face à la chanteuse redoutable. C’est prévisible, et c’est ce qui fait sourire, tout comme ça peut faire rouler des yeux parfois.

Par contre, contrairement aux derniers albums de MARINA, il y a quand même une volonté de ne pas se prendre pour quelque chose qu’il n’est pas : en d’autres mots, aucune volonté de se prendre trop au sérieux; et ça fait un bien fou. Les intentions sont bonnes comme tout, mais parfois, le lisse l’emporte sur la qualité pure. Sur un titre comme HELLO KITTY, malgré les paroles assez loufoques, tout autour laisse présager une certaine lenteur et sensibilité. Effectivement, MARINA chante des paroles volontairement juvéniles (et entame des ‘Rawr Rawr’, quand même…) avec la conviction d’une artiste écorchée. C’est dans des instants comme ceux-ci que les excentricités vocales de The Family Jewels me manquent un peu plus. Ceci étant dit, pour rendre à César ce qui appartient à César, la voix de Marina est toujours aussi belle, et sur un morceau comme ADULT GIRL, la seule véritable ballade de l’album, il s’en dégage une maturité touchante, dernières miettes d’une innocence brisée par la célébrité et la gloire. EVERYBODY KNOWS I’M SAD parvient aussi à allier la légèreté de sa forme pour servir la tristesse de son fond.

PRINCESS OF POWER n’est pas là pour redéfinir les canons de la pop, mais c’est un album qui réaffirme tout de même le statut de MARINA comme étant une artiste ayant quelque chose de nouveau à proposer. Parfois, pas besoin de se prendre la tête pour avoir du plaisir. Et ça, Marina l’a compris.

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