Critiques

Marie-Gold

Règle d’or

  • Coop Les Faux-Monnayeurs
  • 2020
  • 35 minutes
7

2018 marquait la parution du premier EP de Marie-Gold intitulé Goal : Une Mélodie. Cette première ébauche solo émise par la jeune artiste montréalaise annonçait dès lors une poésie juste et recherchée calquée sur des productions trap/rap bien soignées. On ne s’étonne ainsi nullement de ce prix remporté au GAMIQ cette même année-là, surtout en sachant qu’elle avait presque tout fait par elle-même. 

Avec le vent dans les voiles, cet éloge fut profitable pour elle puisque presque deux ans plus tard, la rappeuse/productrice dévoile Règle d’or, son tout premier album. Cette fois-ci, c’est le fruit de multiples collaborations qui aura façonné l’opus, apportant une grande richesse mélodieuse tiraillée entre des productions tantôt pop, rap et trap. 

Que l’on soit un amateur ou un touriste qui fait de la prospection musicale et qui tombe sur Règle d’or, sachez que pour bien des raisons, il en vaut une écoute attentive. Ce qui en fait un ensemble unique, c’est sa capacité à instaurer une vibe, une attitude émanant de la chanteuse elle-même, donnant quelque chose d’assez ressenti et assumé.  

Au-delà d’une expérimentation, d’un mélange de genre, on reconnaît que la plume de Marie-Gold est sans l’ombre d’un doute ce qui constitue la force de l’album. Interprétées avec aisance, ses lignes sont à la fois poétiques, crues et réfléchies. On se permet ainsi d’en tirer plusieurs leçons pertinentes. Soulignons également que ses barz sont vibrantes en raison de leurs tournures et de leur fluidité comme en témoignent notamment La seule règle et Pousse ta luck.

« Tu peux donner des leçons now même si t’es pas le pape

Et me vanter sur des beats de trap, me tente pire que le diable

À fake it pour make it, mais j’m’inquiète plus pour que ma maquette renfloue le wallet d’un respect que j’aurais flingué

Ou ne m’ouvre les portes d’un heaven que je n’ai que rêvé » 

Pousse ta luck

Règle d’or, c’est un album de chilleur qui s’inscrit avec aplomb dans l’émergence d’un nouveau groupe d’artistes rafraîchissants pour la scène musicale québécoise et francophone.  La beauté de cette nouvelle vague, c’est le désir de perfectionner un art versatile et conscient. Des artistes qui se prennent au sérieux tout en ne se prenant absolument pas au sérieux, préférant garder en mémoire que « la seule règle d’or, c’est qu’il n’y a pas de règle d’or ».  

On salue le désir de Marie-Gold de demeurer connectée au rap et à ses racines. Ce fait d’armes se fait notamment ressentir dans les lourdes productions léchées d’Impatiente et de Jack, des échantillonnages bien placés dans Pusha et le slam de J Kyll dans Doser. Mentionnons également l’identité collective et festive du rap bien transposée ici dans Goélands alors que la chanteuse collabore avec Kirouac et Lydia Képinski

Bref, Règle d’or est un album assez complet, un album accessible qui s’écoute dans de multiples circonstances. Ce qui me semble le moins réussi, c’est la transition entre les chansons, mais ça demeure un détail. De plus, bien que l’appréciation de la vibe instaurée me plaît grandement en raison de sa belle progression diversifiée et texturée, j’ai ressenti un petit creux lors des écoutes d’Aucun bling et Mémoire. Rien pour se plaindre, tout pour profiter d’un album qui a beaucoup de coeur et qui nous pousse à notre tour à adopter une attitude sans stress.

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