Critiques

Marie-Gold

Bienvenue à Baveuse City

  • Coop Les Faux-Monnayeurs
  • 2022
  • 36 minutes
7,5

En février dernier, la rappeuse Marie-Gold nous invitait dans sa ville, Baveuse City. C’était fait de manière polie quand même, en nous souhaitant la Bienvenue à Baveuse City, cette ville où « on roule en tesla. » (Kesta?!)

On ne peut pas se mentir, la rappeuse frappe fort avec son troisième album. Si Règle d’or et Règle deux laissaient voir que la jeune étudiante en génie à la polytechnique avait énormément de potentiel en solo, Bienvenue à Baveuse City l’illustre à merveille. Forte de son expérience au sein du collectif Bad Nylon, on sent que la jeune femme trouve peu à peu sa place dans le monde du rap québ. Elle a adopté une personnalité un peu « baveuse », mais qui a des choses à dire et des critiques à émettre, le tout avec humour.

Si certains soulevaient que ses premiers albums avaient quelques faiblesses au niveau des beats, il n’en est rien avec cette nouvelle galette. Les arrangements, signés par Mike Clay (Clay and Friends) et David Osei, sont excellents. La rappeuse s’est aussi entourée de plusieurs producteurs d’ici et d’ailleurs. En effet, les noms de Désir Lister (Paris), Mammouth (Paris), Noé Carillo (Paris), Novengitum (Paris), Rhys Lopez (Vancouver) figurent tous dans les crédits de ce long format, qu’elle a enregistré à Montréal et à Paris dans pas moins de cinq studios.

Dès l’ouverture, Marie-Gold nous souhaite la bienvenue dans sa ville fictive avec plusieurs couches d’autotune et une voix plus chantée que ce à quoi elle nous a habitués jusqu’à maintenant. Elle énonce ensuite clairement qui est la boss de cette ville. Avec C’est qui le boss?, justement, elle fait preuve d’esprit en mettant en place de la spatialisation sonore dans les chœurs. La spatialisation sonore, simplement, c’est lorsqu’on entend des sons se déplacer dans ses écouteurs. Les onomatopées, les rires ou les réponses derrière la voix principale bougent tous pour donner l’impression qu’elle est entourée d’une foule de gens qui la soutiennent. C’est une technique qui revient à plusieurs reprises dans l’album et qui bonifie l’expérience.

D’ailleurs, avec Bienvenue à Baveuse City, Marie-Gold démontre tout son talent pour créer des vers d’oreille accrocheurs. Je pense notamment à C’est qui le boss? et son refrain fédérateur, mais aussi à Montagne russe, Maison de dicks et même Pas de papas. En plus d’être accrocheurs, ses textes sont intelligents. La rappeuse dénonce la crise climatique (Kesta?!, Beach Club). Elle aborde aussi son rapport à l’amour (Musée Woush, Montagne russe, Votre Honneur) et à l’industrie du rap (À la garderie, Maison de dicks).

Yanick aussi j’ai déjà vu sa d***
Mais après deux, trois dates on a split
Shout out pour toutes les inspis en musique
Ç’a l’air que j’serai juste jamais sur ta maison de disques

Maison de dicks

Les quatre interludes permettent aussi de respirer et de lier entre elles les places importantes de cette ville fantasmée. Pour créer cette ville, Marie-Gold a eu droit à une visite de la ville de Longueuil en compagnie de la mairesse Catherine Fournier alors qu’elle n’était que députée (Le Devoir). La bientôt diplômée de la Polytechnique a aussi étudié le féminisme, l’urbanisme, le patriarcat, l’électrification des transports et les lois pour composer (Pan M 360).

Ainsi, avec Bienvenue à Baveuse City, Marie-Gold montre de quel bois elle se chauffe. Et ce bois est efficace, grinçant, contestataire, fédérateur… Bref, la rappeuse offre le genre de chansons percutantes qu’on écoute avec un sourire en coin.

Crédit photo: Félix Renaud

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