Critiques

Lyra Pramuk

Fountain

  • Bedroom Community
  • 2020
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Elle fusionne le chant classique à la culture techno, tout en faisant preuve d’une sensibilité pop certaine. Elle est également une artiste de performance fort respectée par ses pairs, en plus de travailler sur quelques projets d’écriture. La dame ne chôme pas ! Née aux États-Unis, Lyra Pramuk réside depuis quelques années dans la ville de Berlin. La capitale de l’Allemagne est reconnue pour être avant-gardiste et respectueuse pour ses créateurs.

L’artiste multidisciplinaire nous présentait récemment un premier album studio intitulé Fountain; une création où la voix est au centre de son approche. Pas de synthés, pas de boîtes à rythmes, pas d’instruments traditionnels, seulement de multiples couches vocales qui servent autant de rythmes que de mélodies à ces pièces quasi instrumentales.

Pour arriver à ses fins, Pramuk a travaillé en étroite collaboration avec la compatriote et architecte sonore Holly Herndon, avec le compositeur et chorégraphe Colin Self et en compagnie de l’artiste visuel Donna Huanca, conceptrice de la pochette. Aucun doute, la transposition sur scène de ce Fountain devrait être une proposition assez singulière et intéressante.

Avec Fountain, Pramuk nous escorte dans un monde situé à mi-chemin entre la musique ambiante et la musique électronique. Appuyant sa démarche sur le principe que le corps humain est un afflux incessant de pensées et de sons (et elle a totalement raison !), elle fait la démonstration que tous nos mouvements internes peuvent être transmis par les modulations de notre voix. Les superpositions vocales sont triturées, déformées et systématisées technologiquement pour créer des timbres et des textures sonores variés.

Selon votre état psychologique et physique, chacune des écoutes de cet album contemplatif et cadencé à la fois est différente. Parfois, on est physiquement tonifié. À d’autres moments, c’est le mode contemplatif qui prend le dessus. Dans Gossip, les voix plus naturelles et réalistes – celles-ci axées sur le rythme – nous plongent dans une musique magnifiquement tribale. À l’opposé, la pièce introductive titrée Witness évoque la douceur et la pureté.

Mais la pièce qui étonne se nomme Cradle. La mixture des voix, orchestrales et gutturales à la fois, nous remémore l’atmosphère liturgique des albums de Lingua Ignota… sans cette expression franche de la souffrance et cette lourdeur abyssale qui caractérisent l’œuvre de Kristin Hayter.

L’absence de contraintes créatives, le refus d’être catalogué « artiste expérimentale » et la pollinisation vocale font de ce Fountain l’un des meilleurs disques parus cette année, tous genres confondus. En cette période de grande incertitude, vous y trouverez certes du réconfort, mais aussi une profonde réflexion sur les mouvements intérieurs du corps, ceux-ci parfaitement incarnés par les multiples voix de Lyra Pramuk.

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