Critiques

LUMP

LUMP

  • Dead Oceans Records
  • 2018
  • 31 minutes
7,5

Une certaine nuit de juin 2016, le cofondateur, principal compositeur et réalisateur attitré de la formation électro-folk britannique Tunng, le respecté Mike Lindsay, faisait la rencontre de l’auteure-compositrice-interprète Laura Marling. Pour être plus précis, Lindsay a rencontré Marling après un concert donné par Neil Young à Londres. Puisqu’il était un admirateur fini de l’artiste, le lien créatif s’est tissé assez rapidement entre les deux protagonistes.

De son côté, Lindsay avait accumulé plusieurs enregistrements instrumentaux qui, selon lui, manquaient de couleur vocale. Ainsi, en une seule rencontre, le projet LUMP voyait le jour. Lindsay a donc convié sa nouvelle acolyte dans son studio personnel afin qu’elle puisse apposer sa voix distinctive sur ses musiques inachevées. Aux dires des deux créateurs, LUMP est un objet spécifique à part entière qui ne vit que par les filtres créatifs de ses deux géniteurs.

Le 1er juin dernier paraissait le premier chapitre de cette aventure artistique des plus singulières. Maintenant résident de ce magnifique pays qu’est l’Islande, Lindsay nous propose des pièces synthétiques souvent « dans les vapes » sur lesquelles la voix chaleureuse et envoûtante de Marling nous laisse pantois. Tout en respectant leurs styles respectifs, Lindsay et Marling se libèrent de leurs contraintes créatives pour créer une musique vraiment unique.

Côté texte, Marling s’est inspiré de la poésie absurde d’Edward Lear (1812-1888) et nous présente une réflexion aussi approfondie qu’empathique sur la vacuité de nos existences modernes. Évidemment, je souscris pleinement aux propos de la parolière. Dans la chanson la plus « pop » de ce premier album, Curse of the Contemporary, Marling y va de cette tirade d’un jouissif désabusement :

We salute the sun

Because when the day is done

We can’t believe what we’ve become

Something else to pray upon

L’album se conclut avec une pièce sur laquelle Marling déclame tous les noms des instrumentistes qui ont participé à l’élaboration du disque, et ce, avec un flegme qui fait franchement sourire. LUMP est une « bébitte » dont l’intérêt et la pertinence prennent de l’ampleur au fil des écoutes. Un insidieux « grower ».

LUMP est captivant tout au long des 31 minutes qu’il dure et ne comporte aucune faiblesse. Les moments forts ? L’introductive Late to the Flight, qui débute avec un petit bourdonnement qui s’efface lentement pour faire place à une guitare acoustique, est tout simplement magnifique… comme si on sirotait notre dernier verre en observant le soleil se lever après une fête bien arrosée. Rolling Thunder fait penser à du Portishead modernisé. Hand Hold Hero est une sorte d’électro-folk aux accents mélodiques médiévaux et Shake Your Shelter nous transporte dans une atmosphère subtilement contemplative.

La réunion de Mike Lindsay et Laura Marling sous l’appellation LUMP est une réussite étonnante. Impossible de résister à l’envie d’appuyer sur le bouton « play » de votre chaîne stéréo tant ce disque recèle un charme magnétique. Un disque aussi étrange que lumineux.

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