Critiques

Loyle Carner

hugo

  • EMI Records / Universal Music Group
  • 2022
  • 34 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Loyle Carner avait frappé un grand coup avec Yesterday’s Gone, son premier album qui offrait à la fois une approche efficace du rap-jazz et de solides textes. Par la suite, son deuxième long format, Not Waving, But Drowning prenait une tournure plus sombre, mais manquait de direction. Cette fois-ci avec hugo, il a retrouvé toute sa concentration et offre son meilleur album en carrière.

Yeah, they said it was all that you could be if you were black Playing ball or maybe rap, and they would say it like a fact
All my people in the back, all the nurses in the front
All my teachers, where you at?
’Cause we’ve been living like a trap
Putting numbers on the wall, hoping people would react
But it’s a fact, we’ve been living in a trap, we’re trapped

Hate

C’est avec l’envie de parler des injustices, de ceux qui n’ont pas de paroles, mais aussi de ses propres blessures que Loyle Carner a pondu les textes de ce hugo. On retrouve moins l’attitude fière qu’il mettait à l’avant-plan sur ses deux albums précédents. L’homme a réfléchi à son passé et à son présent. Il fait preuve d’une lucidité impressionnante et Carner ne s’extirpe pas des problématiques, mais se place au centre d’elles.

Blood On My Nikes constitue un très bon exemple de la concrétisation cette intention artistique. Sur une trame inventive à souhait, Loyle Carner alterne entre ses mauvais choix et à ceux dont il a été témoin et qui ont fait en sorte que lui-même avait peur de se promener le soir dans son quartier. La chanson se termine avec le discours d’Athian Akec, un membre du parlement jeunesse du Royaume-Uni. Celui-ci résume : devant l’indécision des politiciens de s’attaquer aux racines de la violence, elle continue de coûter des vies. Un discours qui pourrait être aussi apposé à la violence par armes à feu que vivent Montréal et Laval depuis quelques années.

La trame de Georgetown signée par Madlib est particulièrement efficace aussi. En général, musicalement c’est riche et varié sur hugo. Il a fait appel à de nombreux compositeurs de renom : Jordan Radkei, Alfa Mist, kwes. et bien plus.

C’est quand même au niveau des paroles que Loyle Carner brille avec de nombreux textes pertinents qui abordent des sujets variés. L’idée que ce qu’il tente de partager tombe à plat sur Speed of Plight. Homerton, pour sa part, est une réflexion qui porte sur ce qu’il laissera derrière lui. Le titre fait référence à ce quartier de Londres qui est le centre de la drill contemporaine. Hate s’attaque aux préjugés qui sont tenus envers les Noirs en Angleterre. La pièce rappelle avec justesse qu’il existe une diversité de personnes qui contribue grandement à la société.

C’est un excellent album que propose Loyle Carner. En fait, on peut dire sans détour qu’il s’agit de son meilleur en carrière. Plus ramassé que sur son deuxième et plus mature que son premier. On sent qu’il a cherché et réfléchi pendant deux albums avant d’en arriver là où il est maintenant et c’est tout à fait jouissif !

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