Critiques

Low

Hey What

  • Sub Pop Records
  • 2021
  • 46 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Le couple formé d’Alan Sparhawk et Mimi Parker constitue l’épine dorsale de la formation dite « slowcore », Low. Frôlant les 30 ans de carrière, le désormais duo — le bassiste Steve Garrington a quitté le navire en 2020 — s’est carrément réinventé avec la sortie de Double Negative (2018).

Avec l’aide du réalisateur BJ Burton (Bon Iver), ce long format considéré par plusieurs, et avec raison, comme étant le Kid A de la formation, est un cri de désespoir camouflé et imperceptible évoquant la détresse d’un équipage d’un navire sur le point de sombrer. Plombés psychologiquement par l’élection du « Grand Orange » en 2017, les Américains nous avaient proposé un disque caractérisé par des voix distordues et des rythmes électroniques hautement saturés. Low exprimait le mal-être qui sévissait à l’époque, et qui malheureusement, subsiste toujours.

Toujours accompagnés par Burton, Sparhawk et Parker sont de retour avec un nouvel album intitulé Hey What. En amorçant la réflexion en vue de concevoir ce nouvel opus, le trio s’est questionné à savoir s’il devait revenir à une formule sonore plus traditionnelle. Rapidement, les trois créateurs se sont entendus pour poursuivre dans le même sillon tracé par son prédécesseur.

Si les voix dans Double Negative étaient fracturées, parfois inaudibles, c’est le retour des mélodies angéliques du couple qui nous étonnent et nous bouleversent. Dès le départ, avec White Horses, Low nous immerge dans des sonorités industrielles jusqu’à ce que les voix célestes de Sparhawk et Parker s’élèvent :

The consequence of leaving

Would be more cruel if I were to stay

Although it’s impossible to tell, I know

The white horses take us home

– White Horses

Manifestant une lucidité implacable, Low constate comme nous que les choses ne tournent pas rond dans notre monde, mais cette fois-ci, le tandem ouvre les volets de la maison pour laisser entrer un peu de luminosité et d’air frais :

You know you’ll never feel complete

No, you’ll never be released

Maybe you never ever see, you believe

That’s why we’re lying again in days like these

– Days Like These

Musicalement, les vagues sonores distordues et onduleuses sont légion, mais laissent toujours place aux voix de manière subtile et graduelle. Dans There’s A Comma After Still, pièce expérimentale s’il en est une, les harmonies vocales sans paroles en conclusion viennent rendre l’écoute plus digeste. Dans All Night, le crescendo déformé, avoisinant le gospel, est un véritable pourvoyeur de frissons. Malgré les constantes brisures dans la suite d’accords de More, Sparhawk et Parker réussissent un véritable tour de force en nous présentant une chanson mélodiquement imparable.

Hey What est une expérience musicale singulière et transformatrice pour le mélomane qui veut s’en donner réellement la peine; une oeuvre qui poursuit dans la même veine que son précurseur. Après autant d’années au compteur, rares sont les groupes en mesure de se métamorphoser de la sorte sans perdre complètement leur identité. Si Double Negative proposait une sorte de catharsis à la confusion et à la morosité ambiantes, Hey What insuffle un peu d’espoir, et ce, sans nier que les temps sont durs, très durs même. Low est un phare dans la nuit, un ami précieux à avoir à ses côtés en temps troubles.

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