Critiques

Lindsey Stirling

Artemis

  • BMG
  • 2019
  • 52 minutes
7

L’anomalie qu’est Lindsey Stirling était de retour avec son cinquième album paru le 6 septembre dernier, Artemis. Son disque précédent était un album de Noël, lancé en 2017. Elle présente des chansons qui amalgament le dubstep, l’EDM et la pop au violon classique, voire celtique par moments. Artemis arrive au début de l’automne comme un vêtement chaud tissé de mailles solides. Les sonorités de la grande prêtresse du violon (et de la danse!) se marient à merveille avec le craquement des feuilles sous les pieds.

Lindsey Stirling a lancé le majestueux simple Underground le 21 juin dernier, sortant aussi le clip où elle incarne Artemis (déesse grecque de la nature, de la chasse et de la lune). Celui-ci a eu 300 000 vues en six heures! Comment un instrument aussi traditionnel dans sa forme peut-il sonner comme un véritable hymne pop? Et le tout, sans paroles? Sa façon d’aborder la musique classique, jamais pompeuse, est vraiment unique. Elle la libère, celle-ci auparavant enfermée dans de vieux manuels, et la sert au peuple, surtout à la jeunesse. Si la divinité Artemis évoque la lune, l’ambiance de l’album, elle, est plutôt solaire. Parlant de ciel, les éléments aériens de l’album font en sorte de bien propulser l’album vers la stratosphère. L’artiste ne lâche jamais sa vitesse de croisière se faisant tantôt avion, tantôt fusée. 

Avec une pochette illustrant un avatar en pixel art qui lui ressemble, Lindsey Stirling sait être à l’affût de ce qui est «tendance», sans toutefois compromettre son identité. Son branding fait partie de ce qui la rend attachante. On sait à qui on a affaire. Cette femme présente à la fois un esprit vif et enfantin, mais en même temps des caractéristiques marquées «d’adulte» – on dirait une vieille âme. Qui aurait cru que cette participante rejetée d’America’s Got Talent puisse continuer de mener une telle carrière?

Deux invitées figurent sur l’album, soit Amy Lee et Elle King, ce qui est vraiment moins intense que sur le précédent Brave Enough (2016), où il y en avait 8 sur 14 titres. Cela rendait l’album vraiment plus pop; Artemis est définitivement plus instrumental et cela le sert bien. Love goes on and on, avec Amy Lee, attire particulièrement notre oreille. La voix de la chanteuse d’Evanescence se joint merveilleusement au violon, étant habituée à ce type de chanson larmoyante. The Upside (avec Elle King), de son côté, frôle l’insipide à cause de la voix; celle-ci est bourrée d’effets et a vraiment trop d’autotune… Cela flirte avec un EDM trop facile, presque digne d’une désagréable liste de lecture de centre d’achats avec boutiques pour ados. C’est aussi un peu discutable de mettre deux fois cette même chanson sur l’album, une avec paroles et l’autre sans.

Le violon étant bien évidemment la vedette de l’album, les beats sont souvent pareils, comme sur cette dernière, ainsi que sur Guardian et Aurora. C’est un album-volcan, qui est quand même long et répétitif par moments (surtout dans les moments EDM). L’album est malheureusement sans véritable relief, si ce n’est que de sa superbe ouverture et du featuring avec Amy Lee. Ce qui n’empêche pas d’apprécier d’autres chansons comme Til the Light Goes Out et Sleepwalking, où on dénote certaines influences vaguement celtiques. En outre, Foreverglow démontre que l’artiste est encore plus multidisciplinaire qu’on pensait en chantant sur cette chanson. Y a-t-il quelque chose que Lindsey Stirling ne peut pas faire?

Bref, le monde a besoin de Lindsey Stirling, mais peut-être moins de son côté frivole.

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