Lightning Bolt
Fantasy Empire
- Thrill Jockey Records
- 2015
- 48 minutes
Sur le spectre des duos bass/drum qui bûchent on retrouve à l’extrême gauche, les beiges Royal Blood, au centre, les sexy Death From Above 1979 et à l’extrême droite, les druides de Lightning Bolt. Car le violent assemblage noise-industriel-psycotronique de ce dernier groupe fait passer les deux autres pour du thé aux bananes trop sucré de David’s Tea. C’est dire.
C’est que Lightning Bolt fait davantage dans la potion magique. Une déferlante d’assauts percussifs, aussi sauvages que dissonants, créant des stries de couleurs et des explosions de bruits, voilà la recette du duo originaire de Providence.
Fantasy Empire, c’est donc le successeur au respecté Early Delights (2009), premier effort du groupe à paraître sous la bannière Thrill Jockey après une longue feuille de route du côté de chez Load Records.
Techniquement, Brian Chippendale (batterie, voix) et Brian Gibson (basse) sont en grande forme. Et comme toujours Chippendale aboie ses paroles dans un micro spécial qui tient en place dans sa bouche par le port d’un masque de lutteur mexicain en cuir. Bref, c’est toujours garroché et au final, avouons-le, on écoute principalement Lightning Bolt pour les prouesses de Gibson, génie fou de la quatre cordes.
En principe ce dernier point devrait clore la discussion. On écoute Lightning Bolt pour en prendre plein la gueule… Fin de l’histoire. Ce serait aussi plus simple si le duo ne nous avait pas franchement surpris sur leurs deux derniers albums: malgré une formule «sous-compacte», Early Delights et Hypermagic Mountain étaient de furieux exercices d’explorations. Mais ce n’est pas parce que Fantasy Empire n’est pas comparable à ces pierres angulaires que le duo n’ajoute pas quelques pièces à son casse-tête.
Car cette nouvelle offrande amène de l’eau au moulin de la discographie de Lightning Bolt. Pas tant pour les pièces en tant que telles – ici la formule demeure la même, la défonce -, mais vraiment davantage au niveau du son. Oui, la basse, «splitée» à la source, garde sa rondeur, son gras et son impardonnable tranchant. Pourquoi changer une formule gagnante? Mais c’est vraiment la batterie et les arrangements industriels qui amènent une nouveauté. Vrai qu’il s’agisse toujours d’un franc bordel, mais ce dernier est bonifié par une sitedemo.cauction serrée, qui ajoute juste ce qu’il faut de oumph dans la région.
Cela dit, ce Fantasy Empire reste un album assez linéaire. C’est souvent le problème avec a) la musique extrême, jouée «gaz au fond» et b) les formations à effectif réduit. Dommage pour Lightning Bolt qui cumule ces deux critères!
On écoute? Pour les fans oui, mais aussi pour la décharge d’énergie et la dose d’audace.
Ma note: 6,5/10
Lightning Bolt
Fantasy Empire
Thrill Jockey
48 minutes
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