Critiques

Les Royal Pickles

Jouer dans l’trafic

  • Indépendant
  • 2018
  • 50 minutes
7

Devenus légendes dans le circuit des soirées swing, Les Royal Pickles démontrent, avec leur deuxième long jeu, qu’ils savent aussi bien performer en studio que sur scène. Ralentissant un peu la cadence pour Jouer dans l’trafic, le groupe y effectue également un virage franc dans la langue de Molière.

L’album nous amène au carrefour d’histoires mélancoliques chantées tour à tour par Mélisande Archambault et Louis Levesque, ponctuées de pièces instrumentales lumineusement rythmées. Ces dernières sont d’ailleurs l’une des richesses du disque, empruntant à la fois à la musique trad, au folk et, bien sûr, au jazz pour tisser des récits sans paroles qui se racontent d’eux-mêmes. À cet effet, coup de coeur instantané pour le 8e titre effréné du disque, Quand les nids-de-poule auront des dents, pour sa couleur « cartoonesque » et les cuivres et bois qui s’y relancent frénétiquement. Février (Rhapsodie dans l’trafic), fait, elle aussi, belle figure à titre de porte d’entrée de ces douze pièces musicales, signées de l’entrain habituel qu’on connaît aux Pickles.

Le premier extrait radio, Roue de Secours est un très beau moment musical, tout en crescendo de cuivres, alors que le chanteur expose la redondance des relations amoureuses qui se fanent. Parmi ces titres interprétés au masculin, on retrouve parfois une nonchalance qui s’approche de celle des Québec Redneck Bluegrass Project, tandis que les pièces composées par la partie féminine du groupe prennent davantage la forme de complaintes où se déposent les accords mineurs sur de très jolies mélodies aériennes (Perdre le Nord, La Somnambule).

Jouer dans l’trafic est un album surprenant, où le groupe prend une nouvelle direction, mais semble emprunter plusieurs chemins pour arriver à s’y retrouver. On apprécie la densité des chansons, les arrangements tant colorés qu’efficaces qui s’empilent et s’enchevêtrent à travers les textes un peu inégaux de l’album. Il faut l’avouer, l’écriture des paroles n’est peut-être pas la grande force du disque. Néanmoins, Les Cornichons Royaux nous offrent ici un club-sandwich bien croustillant, à la sauce jazz épicée d’influences musicales internationales. De quoi se délecter pour plusieurs écoutes!