Critiques

Les Fourmis

Volume : Jour

  • Disques 7ième Ciel
  • 2021
  • 45 minutes
7

On l’attendait depuis longtemps celui-là, depuis près d’un an et demi pour être plus précis. En novembre 2019, le collectif Les Fourmis, regroupant FouKi & QuietMike, LaF, L’Amalgame, Kirouac x Kodakludo et plus, avait lancé la chanson Fok le 6tème pour annoncer la signature d’un accord avec les Disques 7ième Ciel en vue de lancer un album en 2020. Finalement, c’est en 2021 que l’album est offert au grand public. VOLUME: Jour, c’est un mélange de 29 artistes qui combinent leurs différents styles pour nous offrir un projet qui sort des sentiers battus.

Alors que l’hiver tire à sa fin et que nous sommes tous lassés des circonstances actuelles, VOLUME: Jour est un rayon de soleil qui transperce les nuages, et ce, au parfait moment, soit à l’aube du printemps. L’album n’est pas ce à quoi je m’attendais, mais ça reste une agréable surprise. C’est un feel good project, rempli d’amour autant dans les sonorités mises de l’avant dans la musique que dans les textes chantés ou rappés par les différents artistes présents.

D’ailleurs, une multitude de réalisateurs ont travaillé sur l’album (BLVDR, Roby, Kodakludo, Eius Echo pour ne nommer que ceux-ci). Il n’y a donc aucun beats qui sonne pareil. Chacune des productions apporte leurs propres épices uniques à la recette finale. On y retrouve donc des pistes sonores de styles divergents : certaines du genre trap (Travaux, Had 2, Oasis) d’autres, plus vieille école, voir jazzy (Havana Club, RDV), mais aussi des chansons pop (Matériel, Bulletproof). On y entend même des approches vocales différentes : certaines chansons sont plutôt chantées que rappées. Bref, le collectif est très diversifié ce qui fait que l’album peut plaire à tous. Par contre, peut-être que les fans de gros rap seront laissés sur leur faim.

La recette est la même côté écriture. Les textes que nous entendons au fil de l’album sont tout aussi hétérogènes que la musique. Avec une quinzaine de plumes différentes, on en voit de toutes les couleurs. Trois artistes sortent du lot, autant côté écriture que côté voix et swag : Catboot, Franky Fade et la chanteuse Xela Edna. Une phrase qui a capté mon attention et qui reflète parfaitement l’album en peu de mots est la suivante, venant justement de la plume de Franky Fade :

« Mélange entre une arme à feu et un arbre à fruit »

– Havana Club

Les Fourmis nous offrent du rap, un style de musique souvent énergique, mais à leur saveur : doux, coloré et fruité. D’où l’explication de cette citation. Les textes ne sont donc pas crus, sérieux et violents, mais plutôt drôles, légers et plaisants. C’est une bonne chose en soi : les artistes présents restent eux-mêmes, vrais et honnêtes. Ils ne jouent pas aux gangsters, chose qu’ils ne sont pas.

Un bon exemple de cela est la chanson Matériel, pièce où les six rappeurs présents parlent de leurs fournitures scolaires favorites :

« Gruge le bic

Lèche la colle Pritt

C’t’identifié, toute le kit

Maman a plastifié le shit

Yeah ma trousse elle est legit

Même un porte-mines à pousse-mines en plastique »

– Matériel

Un point positif est la présence peu abondante de FouKi sur l’album. Pas parce qu’il n’est pas bon, au contraire, mais parce qu’il laisse aux autres fourmis leurs moments de gloires. La vedette du collectif est présente sur seulement trois chansons.

Somme toute, Les Fourmis nous offrent un album surprenant. Ce n’est peut-être pas ce à quoi on s’attendait, mais ça demeure un produit de qualité. On est bien en présence d’un gros collectif de rap, sauf qu’on est loin de Wu-Tang Clan, le 83 ou Limoilou Starz. Ça ressemble plutôt à un mélange de Dreamville, d’Atach Tatuq et de Movèzerbe. Bien hâte de voir le résultat de ce projet sur scène!

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