Critiques

Lana Del Rey

Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd

  • Interscope Records / Polydor Records / Universal Music Group
  • 2023
  • 77 minutes
8
Le meilleur de lca

Lana Del Rey est la reine de la musique mélancolique américaine, un peu comme une reine déchue du rêve américain, une autrice-compositrice-interprète qui a réussi à mettre la désillusion amoureuse en chanson de manière exceptionnelle. Elle frappait un grand coup avec Normand Fucking Rockwell en 2019, le meilleur album de sa discographie. En 2021, elle faisait paraître deux autres bons albums qui n’arrivaient pas à faire vibrer les mêmes cordes que NFR, mais qui étaient tout de même de bonnes propositions.

Voici qu’elle revient avec Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd, le meilleur album depuis NFR, qui n’est pas aussi réussi, mais qui s’en rapproche drôlement. Ce qui fait que Lana Del Rey se distingue est cette audace musicale qui était moins présente dans les deux derniers albums. On retrouve notamment sur l’album, une de ses meilleures chansons en carrière : A&W. Tout y est délicieux : le récit de la femme déchue, désillusionnée de l’amour, qui s’est enfoncée dans le vice, les mélodies incroyablement efficaces, un changement à mi-chemin pour opérer un 180 degrés et des paroles qui jette la lumière sur un Jimmy peu fréquentable qui devra s’expliquer à sa mère. On y trouve aussi une référence mélodique à la chanson Norman Fucking Rockwell.

Ce qui marque sur l’album est le nombre de collaborations. On retrouve l’excellent Candy Necklace avec Jon Baptiste. Ce dernier y rajoute sa touche magique au piano avec brio. Father John Misty vient faire son tour sur Let the Light In qui fait de la place aux vices, ce qui fait écho à son personnage dépravé. Cette fois-ci, c’est la guitare typique de FJM qui est très présente. Ce qui est agréable, c’est la capacité de Lana Del Rey à trouver un terrain d’entente entre son univers et celle de son collaborateur. C’est du très beau travail. La même chose peut être dite d’une bonne chanson : Paris, Texas sur laquelle SYLM collabore. Elle est influencée par la pièce de théâtre et le film de Sam Sheppard, même si c’est plutôt vague. Margaret fait de la place aux Bleachers, le groupe de son grand complice : Jack Antonoff. Celui-ci fait partie du cœur créatif de l’album avec Mike Hermosa,

L’album est aussi saupoudré d’interludes comme celui de Judah Smith, un pasteur nouveau-genre américain sur lequel on entend Lana Del Rey rire à quelques occasions comme si elle s’amusait de la performance théâtre de l’homme. Ce n’est pas la seule fois que ce genre de procédé est utilisé. On l’entend aussi dès les premières secondes de l’album alors que Del Rey semble diriger un chœur. L’autre chose qui est intéressante est la tendance de l’autrice-compositrice-interprète à jouer avec son propre personnage, comme elle le démontre sur Fishtail.

C’est un excellent album de Lana Del Rey qui se permet de faire plus d’exploration musicale sur Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd. Elle continue d’entretenir son statut de grande dame de la pop américaine tout en refusant de se camper dans une approche conservatrice.

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