Critiques

Lana Del Rey

Blue Banisters

  • Interscope Records / Polydor Records
  • 2021
  • 61 minutes
7,5

Lana Del Rey lance déjà son huitième album ainsi que son deuxième de l’année 2021. Visiblement, l’Américaine ne dérougit pas. Il ne se passe jamais plus de deux ans entre les albums de Del Rey. Déjà avant la pandémie, elle semblait se plaire davantage en studio que sur scène alors qu’elle faisait peu de spectacles à grand déploiement. Elle semble toujours en train de plancher sur un nouveau projet.

Immédiatement après la sortie de Chemtrails Over the Country Club à l’orée du printemps dernier, elle a annoncé un deuxième album à venir plus tard cette année. D’abord nommé Rock Candy Sweet, celui-ci a finalement pris le nom de Blue Banisters au moment de la sortie des trois premiers extraits : Blue Banisters, Text Book et Wildflower Wildfire. On peut dire que cet album est plus personnel dans sa livraison que Chemtrails Over the Country Club et s’inspire visiblement de la pandémie. On y retrouve une Lana Del Rey qui souhaite trouver l’amour que de trainer avec les mauvais garçons de Los Angeles.

C’est particulièrement clair sur Black Bathing Suit :

And if this is the end, I want a boyfriend
Someone to eat ice cream with, and watch television
Or walk home from the mall with
‘Cause what I really meant is when I’m being honest
I’m tired of this shit

Black Bathing Suit

Même si la chanson n’est pas particulièrement une pièce où tout se place, elle semble faire des confessions qui sont inspirées par les moments particuliers qui avaient des allures de fin du monde. La pièce-titre est aussi empreinte de ces confessions, même si on semble plonger dans un monde où Del Rey joue un personnage en quelque sorte. On la retrouve en attente de l’amour. Puis à Violets for Roses renverse un peu le tout avec une histoire d’amour qui vire au vinaigre parce qu’un homme tente de changer une femme pour qu’elle entre dans un modèle plus conventionnel. La pièce est particulièrement efficace dans la mélodie et comme toujours, la livraison de Lana Del Rey est impeccable.

C’est un peu ce qui se dessine dernièrement avec Del Rey. Comme sur Chemtrails Over the Country Club, c’est bien exécuté, de qualité avec de l’instrumentation intelligente, quoique conventionnelle. Par contre, ça manque de folie. Celle qu’on trouvait sur Norman Fucking Rockwell est absente totalement sur Blue Banisters. Interlude – The Trio, qui échantillonne une pièce d’Enrico Morriconne doublé d’un gros drum & bass à mi-chemin entre le dubstep et le trap, semble promettre une envolée incroyable. Une envolée qui ne se concrétise pas. Même si Black Bathing Suit est plus que potable ensuite, on est loin d’une pièce qui nous fait tomber en bas de notre chaise.

J’ai l’impression qu’on est dans un moment créatif intéressant pour Lana Del Rey quoique transitionnel. Un peu comme ce qui était survenu après Born to Die. Celui-ci avait choqué et personne n’était préparé. Puis, les albums suivants étaient intéressants, mais ne réinventaient pas la roue. Et Norman Fucking Rockwell a de nouveau tout changé avec ses pièces percutantes. Et là on flotte un peu sur l’onde de choc causé par celui-ci. Ce n’est pas mauvais, mais on s’ennuie un peu de la mer déchaînée. 

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