Critiques

Kyrie Kristmanson

Lady Lightly

  • 39 minutes
6,5

Si la musique médiévale avait évolué dans une réalité parallèle, le troisième album de l’auteure-compositrice-interprète canadienne Kyrie Kristmanson, Lady Lightly, en serait une manifestation plausible. Explorant le concept d’intrication quantique selon lequel des particules subatomiques seraient interdépendantes même distanciées par des galaxies, le simple Andromeda Star reflète le concept de l’album : une rencontre d’une durée de 39 minutes entre un univers poétique médiéval et l’électro-pop lo-fi. L’intérêt de l’étudiante en musique médiévale se constate à plusieurs niveaux, soit par le fait qu’elle a repris une forme poétique plus ancienne, telle la villanelle dans Andromeda Star, ses mélodies à la voix qui prennent parfois une tournure modale, ou encore l’univers lexical de ses paroles qui ne laissent pas d’ambiguïté au passage :

« The empires of you that fall above and rise below

When you dream you go so far

To the sound of the tambourine and sitar :

That perfect music of Apollo

As far from me as an Andromeda star »

Andromeda Star

Mais ces mots qui évoquent une autre époque ne sont pas accompagnés de tambourine ni de cithare, mais plutôt de synthétiseurs et de textures rythmiques lo-fi qui ne passent pas inaperçus, et ce dès le début de l’album avec Gateway Sin. C’est d’ailleurs le groupe électro-pop versaillais Saint-Michel qui signe la réalisation de l’album et qu’on peut entendre dans la pièce Andromeda Star. Fait intéressant : c’est aussi dans la ville du groupe, plus précisément dans une aile abandonnée du Château de Versailles que l’album a été enregistré. Bien qu’originaire du Canada, Kyrie Kristmanson habite à Paris depuis la sortie de son album Origin of Stars en 2010. Ses pièces sont majoritairement en anglais, à l’exception de Mon héroïne, qui combine les deux langues, et Songe d’un ange qui est complètement en français.

Avec son style électro-pop-folk cosmique, Kyrie Kristmanson a définitivement une couleur bien à elle qui rappelle parfois Muse, St.Vincent et Lana Del Rey. Les arrangements intègrent beaucoup de détails et de variations pour ce qui est des timbres et effets utilisés, mais la forme reste assez cadrée; la plupart des pièces commencent avec un drum machine, et c’est probablement pour cette raison que l’introduction instrumentale planante de Bird of Pleasure fait autant de bien aux oreilles, en assouplissant la facture généralement saturée. Certaines pièces sont définitivement plus pop que d’autres (Andromeda Star et Gateway Sin), mais celles qui le sont moins offrent des mélodies à la voix davantage imprévisibles et qui laissent entendre l’expression mélancolique de l’artiste:

« But a cold wind blows everywhere i go

You go places where I just can’t followspaces and scenes

I’ll never know imagination fails, comparisons pale

the bridge between worlds is so narrow »

Bridge Between Words

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