
King Gizzard and the Lizard Wizard
Phantom Island
- p(doom)
- 2025
- 47 minutes
King Gizzard and the Lizard Wizard lance aujourd’hui leur 27e album. Oui, oui. Le 27e, en grosso modo 15 ans d’existence. On pourrait penser qu’ils arrivent un peu au bout de leurs concepts et de leur créativité musicale, mais non. Voici que la formation présente Phantom Island, un album qui s’inscrit en partie dans la continuité de Flight b741, mais qui est aussi plus pop-rock dans sa facture. Et surtout, c’est un album qui est coloré par des arrangements orchestraux, une première pour King Gizz.
Un peu d’histoire. En 2023, pendant que la formation fait une tournée aux États-Unis, ils rencontrent des membres de l’Orchestre Philarmonique de Los Angeles en coulisse au Hollywood Bowl. Parle, parle, jase, jase et, évidemment, Stu Mackenzie se dit : CE SERAIT MALADE UN ALBUM ORCHESTRAL. Bien sûr. Le groupe continue de faire sa tournée et de vivre sa vie, essentiellement musicale, parce que tu ne fais pas 27 albums en 15 ans en ayant d’autres passe-temps. Pendant les jams qui ont mené à Flight b741, certaines pièces étaient plus légères et moins blues-rock. Ce sont ces pièces qui ont glissé vers Phantom Island.
Sur ce nouvel album, King Gizzard présente une version beaucoup plus mature de lui-même. C’est pop-rock, même parfois un peu dad rock. Le genre de pièces qui pourraient jouer à CHOM sans fâcher son auditoire moins aventureux. Ce qui ne veut pas dire que Phantom Island est paresseux. Au contraire, c’est un album plutôt fédérateur qui pige dans des sonorités qui ont tout pour charmer un grand nombre de mélomanes. La chanson-titre qui ouvre l’album est un vibrant plaidoyer dans cette direction avec ses cordes, son groove des années 50-60 et son côté grandiloquent assumé.
Il y a de nombreuses pièces qui sont entraînantes sur Phantom Island, comme l’excellente Grow Wings and Fly qui a un swing légèrement jazz. Ça fait penser à Black Sabbath, qui avait le secret d’insérer un peu de jazz dans son rock lourd. Mais ici, c’est dans une pop-rock plutôt lumineuse qui ne serait pas du tout à propos pour déguster de la chauve-souris. Aerodynamics est aussi dans cette lignée, quoiqu’un peu plus déposée. Mais le refrain s’assure de nous empêcher de nous perdre dans les orchestrations féériques.
Le côté plus rock de King Gizzard n’est pas totalement évacué. On le retrouve dans les filtres de Lonely Cosmos et dans les guitares plus rudes de Spacesick. Difficile de ne pas voir un certain hommage aux groupes de rock progressif des années 70. King Gizzard qui a déjà un côté très prog en lui, y appose ici des sonorités et des airs vocaux qui tire dans la nostalgie sans tomber dans la facilité.
C’est atypique comme album de King Gizzard and the Lizard Wizard, mais sommes-nous à une surprise près? Les fans du groupe risquent d’y trouver une fois plus une raison d’être impressionnés par l’audace et le refus de surplace de la formation. Stu Mackenzie est un créateur assez unique dans le paysage musical. On ne sait pas quel est son carburant, mais il est alimenté par un feu peu commun.