Critiques

King Gizzard and the Lizard Wizard

K.G.

  • Flightless Records
  • 2020
  • 41 minutes
6,5

Aussi étonnant que ça puisse paraître, le premier album studio des Australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard nous arrive à cinq semaines de la fin de l’année, quinze mois après la parution de leur dernier. Voilà une curieuse première pour le prolifique groupe. Faut se rendre à l’évidence : y’a pu de certitudes en 2020. 

Alors qu’il ne faut généralement pas attendre plus de 5 mois pour avoir de la nouvelle musique du groupe, vous comprendrez que les attentes étaient élevées quand on a fait l’annonce de la sortie de K.G.. Et pas juste parce que ça faisait longtemps. Le groupe annonçait du même coup que son prochain album serait le deuxième volume de son exploration en territoire microtonal amorcé en 2017 avec le premier de leurs 5 albums cette année-là, Flying Microtonal Banana.

Mais donc, comment se tient-il ce K.G.

La réponse courte, c’est que c’est complexe. La réponse longue, c’est que c’est un album qui manque de liant. Même le recours aux instruments microtonaux ne parvient pas à donner une direction aux compositions.

Comparé aux tours de force que sont les deux précédents albums, Infest The Rats Nest et Fishing For Fishies, K.G. donne l’impression d’être davantage un patchwork de chansons, une compilation, qu’un album réfléchi, conceptuellement et musicalement, comme nombre d’entrées dans la discographie du groupe le sont. 

Bon, mais une fois qu’on a dit ça, ça ne veut pas dire que ce nouveau gravé ne contient pas son lot de brûlots et de « gizzardismes » dont on raffole (presque) tous. 

L’album commence de brillante façon avec le trio K.G.L.W, Automation et Minimum Brain Size. Les guitares microtonales qui donnent ces ambiances moyen-orientales sont bien mises de l’avant. Minimum Brain Size avec son chant contenu, doux et sa basse bien ronde, évoque les explorations de Polygondwanaland. On aime.

The Hungry Wolf Of Fate est une intéressante incursion en territoire de Black Sabbath et de ses épigones stoner, tandis qu’Honey, dévoilé tôt l’été dernier, demeure un des meilleurs simples du groupe à ce jour. On aurait préféré l’entendre dans le premier tiers de l’album par contre plutôt qu’en neuvième position. 

Intrasport est aussi un moment mémorable de ce K.G.. Voici la chanson la plus dansante du répertoire des King avec ses irrésistibles claviers rétro. On donne des points supplémentaires aussi pour le vidéoclip loufoque. 

Donc c’est quoi le problème avec K.G.? Straws in the Wind et Some of Us. Deux morceaux si déconcertants qu’on doutait presque qu’ils se retrouveraient sur l’album lorsqu’ils ont été lancés au cours de l’automne. Non seulement ils y sont, mais ils se retrouvent en position 4 et 5 de la liste de lecture, ruinant par le fait même le rythme installé par les trois premiers titres. Dommage.

King Gizzard and the Lizard Wizard demeure toutefois un des groupes rock les plus intelligents et dynamiques de sa génération et, pour cette raison, on ne leur en tient pas trop rigueur.