Critiques

Kim Gordon

No Home Record

  • Matador Records
  • 2019
  • 39 minutes
8
Le meilleur de lca

L’une des icônes du rock indépendant états-unien revient à la vie ! Kim Gordon, âgée aujourd’hui de 66 ans, fait paraître un premier album solo en carrière : No Home Record; titre inspiré d’un film de la cinéaste belge Chantal Akerman intitulé No Home Movie (2015).

Depuis quelques années – plus particulièrement depuis son divorce médiatisé avec Thurston Moore qui a mis fin abruptement à l’aventure Sonic Youth – l’artiste s’est réfugiée à Los Angeles afin de se consacrer entièrement à sa carrière en arts visuels. Et c’est la principale raison pour laquelle Gordon n’avait jamais fait paraître d’album en mode solo, même si elle a participé activement au projet Body / Head avec son collaborateur et ami, Bill Nace.

Enregistré au Sphere Ranch, studio situé dans la région de Los Angeles, elle a confié les rênes de ce No Home Record à Justin Raisen, lui qui a travaillé aux côtés de John Cale, Angel Olsen et Marissa Nadler, entre autres.

De manière épisodique, Gordon a donc confectionné quelques pièces en bonne et due forme, s’armant d’une guitare, parfois d’une basse, et de quelques boîtes à rythmes. Sur ce nouvel album, l’essentiel de ce procédé créatif s’entend clairement, mais ce sont les arrangements inventifs du réalisateur qui propulsent les chansons de la dame à un niveau supérieur.

Justin Raisen bonifie les chansons de Kim Gordon en les escortant vers un univers « électro-industriel » tout en conservant intacte l’aura « noise-rock » nonchalant qui a toujours caractérisé l’artiste. Littérairement parlant, la doyenne s’inspire de slogans publicitaires colligés de façon aléatoire et nous offre quelques sarcasmes bien sentis :

« I could cry and shake you

I’d lay awake for you

I got sand in my heart for you »

Earthquake

Pas besoin de lire entre les lignes bien longtemps pour comprendre la pointe grinçante dédiée à son ex-conjoint…

No Home Record est excellent du début à la fin. On a adoré les ascendants « à la Nine Inch Nails » entendus dans Murdered Out (diffusée de prime abord en 2016). Le rock expérimental est bien exploité dans Don’t Play It. On tape du pied à l’écoute de l’électro-punk Hungry Baby. Earthquake et Get Yr Life Back évoquent Nico et le Velvet Underground. Les inconditionnels de Sonic Youth s’y retrouveront dans Air BnB et la pièce de résistance de ce disque est sans contredit Cookie Butter : une sorte de drum’n’bass qui s’embrase à la toute fin grâce à un magma de guitares saturées.

No Home Record est plus qu’un bon « disque de vétéran ». C’est une œuvre électro-rock inventive, juste assez fédératrice, et parfaitement ancrée dans le 21e siècle.

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