Critiques

Kevin Morby

Oh My God

  • Dead Oceans Records
  • 2019
  • 50 minutes
7,5

De retour après une année d’absence, la véritable boîte à surprise qu’est Kevin Morby propose avec Oh my God un cinquième opus solo en six ans après un passage avec les groupes Woods et The Babies. Voici un avant-goût littéraire de cet album folk-rock fleurissant et harmonieux.

Celui que l’on surnomme le Kurt Vile de Woods – groupe auquel il appartenait autrefois – avait besoin de tenir le seau et les reines de la créativité dans sa totalité. Ce dernier, dont on en reconnaît bien les racines, sédiments créatifs germés par l’influence des Dylan, des Reed et des Cohen de ce monde, apporte à sa musicalité un sentiment de déjà vu et de réconfort.

Bien que ces influences puissent avoir un apport extrêmement considérable dans son approche musicale, Kevin Morby semble toutefois éprouver une difficulté à se distancer de leur idéologie, si bien qu’il en ait à se demander s’il serait en mesure de s’en délaisser.

Suite à des albums comme City Music (2017, Dead Oceans), représentant la vie qu’il a vécu au travers des villes qui l’ont forgé, Oh My God aborde quant à lui la religion, thème dont l’artiste en remarque lui-même l’omniprésence dans ses projets. Ce thème ne tend toutefois pas à se pencher sur la religion en elle-même, mais plutôt sur la spiritualité de l’artiste dans la recherche de soi. Ce concept est d’ailleurs un point fort de l’album, car contrairement aux précédents qui présentaient une multitude de couleurs, celui-ci porte en lui une ligne directrice constante qui permet aux auditeurs de mieux s’immiscer dans l’écoute.

Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est qu’à travers cette ligne directrice, il est tout de même permis aux auditeurs de se laisser porter par une multitude d’émotions et d’ambiances. Ce fait d’armes est effectué avec brio dans la conception de l’album si on prend en exemple cette suite de chansons ; OMG Rock n Roll, qui donne envie de taper du pied, fait contraste à la chanson suivante Seven Devils qui elle, s’avère plus calme et apaisante avant de retomber dans une chanson au rythme entraînant avec Hail Mary.

La voix chaude et enveloppante de Morby transporte l’auditeur dans un état d’ultime légèreté, alors que ses phrases semblent constamment se prolonger, comme si Kevin Morby voulait accueillir ses auditeurs, les bras grands ouverts. L’emploi de paroles comme « Carry me home » et « No rooftop on my joy » ajoute encore plus de portée et de compréhension à l’ensemble de l’oeuvre, alors que celles-ci transportent l’auditeur dans le même voyage spirituel que celui l’artiste.

L’apport d’instruments comme le piano, la flûte, le saxophone et l’orgue ainsi que l’utilisation des chants gospel peuvent être entendus dans des chansons comme Oh my God et Nothing Sacred/All Things Wild. Celles-ci ajoutent un côté céleste à l’album.

En somme, sans se ruer et loin d’être aussi percutant que City Music, Oh My God mérite une écoute plus qu’attentive. Même si la sonorité de l’album semble vouloir nous faire voguer partout et nulle part à la fois, Morby démontre une maturité indéniable et la ligne directrice permet de garder les pieds sur terre tout en ayant la tête dans les nuages.

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