Critiques

KEN Mode

Loved (Season Of Mist)

  • New Damage Records
  • 2018
  • 36 minutes
8
Le meilleur de lca

À quelques mois de la sortie de Loved, alors que les gars de KEN Mode terminaient la post-production de leur septième album, ils ont annoncé sur leurs réseaux sociaux que le disque à paraître serait leur plus violent à ce jour.

Et ce n’est pas faux. Avec Loved, KEN Mode poursuit son exploration noise, tout en revenant à une direction globalement plus métal. Eh oui, on peut le dire, il y a des moments ici qui sont carrément des réminiscences de Venerable, incontournable album de 2011 et produit par le grand Kurt Ballou.

Comme c’était le cas sur Success (2015), Loved est « drivé » par l’énorme son de basse de Scott Hamilton, sur laquelle s’ajoutent des couches d’agression guitaristiques, percussives et vocales, mais là s’arrêtent les comparaisons.

Une autre preuve que KEN Mode rompt avec l’approche hardcore de Success et Entrench (2013) ? Ici, c’est Andrew Schneider qui est derrière la console. Le gars est un capable côté pesanteur métal. Il a travaillé avec Unsane, Made Out Of Babies, Pelican (dans le temps que c’tait bon) et Zozobra. Ah pis j’oubliais, Schneider a mixé PRECAMBRIAN de The Ocean. Fak ouais, c’est gras.

Le retour à un son plus terreux, tout en poursuivant sa quête de dissonances, donne à KEN Mode un équilibre que l’on a cherché sur Success. Même si y’a des solos wtf de saxophones à quelques moments sur ce nouveau gravé.

Mais vous l’aurez compris, Loved n’est pas un album accessible. Comme la plupart des produits de la discographie du trio de Winnipeg, le produit fini est dense, voire impénétrable. Ce n’est qu’après cinq ou six écoutes qu’on en décèle les parties du tout.

Doesn’t Feel The Pain Like He Should est une ouverture destructrice. Une trombe exécutée à la vitesse de l’éclair, avec la voix si distinctive de Jesse Matthewson, le couteau entre les dents. Un bon morceau de KEN Mode ces dernières années.

Même chose pour Feathers & Lips et Very Small Men. Et, en général, c’est à cette vitesse que KEN Mode est à son meilleur. The Illusion of Dignity s’éloigne de ce tempo à haute teneur en octane et finit par ennuyer par la déconstruite redondance de son riff. Un mauvais pli pris sur Success que de vouloir faire méchant en faisant weird.

Aussi, on aime moins la voix cassante et la dégaine fataliste de Matthewson au micro. Je l’aimais mieux avec les canines sorties, les yeux exorbités, prêt à te sauter à la gorge, à chanter des phrases tranchantes, même si son style vocal cadre bien ici aux propos de Loved.

Par contre, on aime No Gentle Art qui termine l’assaut, d’abord avec une très melvinsesque introduction, avant de tout casser avec son cathartique cataclysme.

Bref, c’est un bon record bien ça, chef. Ça s’écoute d’un trait, mais après, va prendre une tite marche, genre. Tu vas en avoir besoin.

 

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