Critiques

John Parish

Bird Dog Dante

  • Thrill Jockey Records
  • 2018
  • 34 minutes
7,5

John Parish est l’un des piliers sur lequel s’est appuyée PJ Harvey tout au long de sa glorieuse carrière. En plus d’être le guitariste attitré de la grande dame du rock, Parish agit souvent comme coréalisateur sur les albums de l’Anglaise. Plusieurs importantes pointures du rock indépendant ont également fait appel à ses précieux services : Eels, Giant Sand, 16 Horsepower, Sparklehorse, pour ne nommer que ceux-là. En mode solo, le musicien propose souvent des créations se positionnant entre accessibilité et expérimentation.

La semaine dernière, le vétéran nous présentait Big Dog Dante. Fidèle à son habitude, il a enregistré ses chansons de façon instinctive, selon son humeur, dans des endroits incongrus en se laissant inspirer par l’instant présent. Pour n’importe quel créateur, cet éparpillement pourrait passer pour une certaine forme de paresse. Dans le cas de Parish, soyez sans crainte, il n’en est rien. Il est l’un des rares artistes à se servir de ce qu’il a sous la main pour créer de petits bijoux de chansons tout en assouvissant son désir de sortir des sentiers battus.

Sur ce nouvel album, il alterne entre des morceaux folk aux accents blues, et d’autres que l’on pourrait qualifier de « poteux ». Dans Buffalo, l’homme se permet même une incursion dans une sorte de folk psychédélique aux inflexions orientales. Une bien belle surprise. Il y a aussi la pianistique Le passé devant nous qui évoque quelque peu l’œuvre de Liz Harris, alias Grouper. Bref, ce qui démarque ce créateur de bien d’autres du même âge, c’est ce penchant « traditionaliste » qu’il réussit à transcender en une sorte de « bébitte » musicale hautement créative.

Parmi les autres réussites de cet excellent disque, j’offre une génuflexion bien sentie au duo PJ Harvey/Parish dans Sorry For Your Loss; un émouvant hommage à feu Mark Linkous (Sparklehorse) qui fut l’un des « songwriters » parmi les plus doués de sa génération, tous genres confondus. Il y a aussi la prenante Rachel qui met en vedette la chanteuse folk gothique, originaire de Nouvelle-Zélande, Aldous Harding. Fait à noter, la prise de son de la voix d’Harding a été réalisée à l’aide d’un téléphone mobile dans les coulisses de l’émission Later… with Jools Holland. La dépouillée Type 1 – mettant de l’avant le jeu de guitare arpégé de Parish et une approche vocale pastichée sur celle de Mark Linkous – est une réussite. L’intermède pianistique Carver’s House nous plonge subtilement dans un état contemplatif.

Bref, je ne saurais trop vous conseiller cet excellent album gracieuseté d’un des plus importants collaborateurs de cette chère Polly Jean. Ensemble, ces deux acolytes repoussent leurs propres limites créatives depuis plus de trente ans. Si vous adulez PJ Harvey, il est impératif de plonger dans l’œuvre de ce doyen dont le credo est d’éviter coûte que coûte la redite. Un artiste. Un vrai.

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