Critiques

Jerusalem In My Heart

If He Dies, If If If If If If

  • Constellation Records
  • 2015
  • 44 minutes
8
Le meilleur de lca

Jerusalem In My HeartAu printemps dernier, Radwan Ghazi Moumneh, alias Jerusalem In My Heart, s’associait avec la formation post-punk/krautrock Suuns. Le tandem présentait alors une création qui relevait beaucoup plus de l’exercice de style, mais qui a somme toute été salué correctement par la critique. Jerusalem In My Heart était de retour en mode solo en septembre dernier avec une nouvelle oeuvre titrée If He Dies, If If If If If If sur lequel s’est greffé Pierre-Guy Blanchard (percussions), Ian Ilavsky (guitare) et quelques autres convives.

Jerusalem In My Heart se sitedemo.cauit en concert de manière intermittente (une à trois fois par année, semble-t-il) et le collaborateur cinématographique Charles-André Coderre est membre à part entière de l’alliance. Sur ce nouvel opus, l’artiste propose des rythmes électroacoustiques minimalistes (parfois expérimentaux) alliés à une musique traditionnelle libanaise, dominée par le jeu frénétique de Moumneh au bouzouki. If He Dies, If If If If If If If est en parfait équilibre entre tension et émotion, entre modernisme et traditionalisme et c’est la grande force de ce disque quasi transcendant.

Les thèmes de l’athéisme et des dommages collatéraux de la guerre en Syrie sont évoqués dans deux pièces: Al Affaq, Lau Mat, Lau Lau Lau Lau Lau Lau et Ah Ya Mal El Sham; preuve que l’obscurantisme et la violence ne sont pas l’apanage de la communauté arabo-musulmane au grand complet. Ceux qui croient que le monde arabe est figé et sans avenir devront peut-être revoir quelque peu leurs positions. Ce disque pourrait même installer un petit doute dans la tête de certains faiseurs d’opinions si ceux-ci se donnaient un peu la peine… et le doute peut être immensément utile et sensé, surtout en ces temps incertains.

If He Dies, If If If If If If est un disque endeuillé qui repousse les frontières de la musique libanaise (en y ajoutant une forte dose de modernité), qui exprime une saine colère maîtrisée et qui rassemble plutôt que de diviser. Un disque étrange, mais dont la beauté éclate au grand jour au fil des écoutes. Évidemment, on est en territoire hybride et résolument champ gauche, mais le mélomane ouvert qui a envie de se faire bousculer intelligemment saura apprécier le talent de Moumneh. Et que dire des moments vocaux qui soulèvent ce disque? Tout simplement à faire frémir le plus insensible des hommes. Je fais référence entre autres à cette voix passionnée entendue dans 7ebr El 3oyoun (est-ce celle de Moumneh?).

Bien entendu, cette sitedemo.cauction s’écoute en mode introspection pour pouvoir en apprécier toutes les subtilités. Ce pèlerinage remuant se termine avec 2asmar Sa7ar: une performance hors du commun de Moumneh au bouzouki avec pour simple accompagnement le bruit de l’océan. S’il avait fallu passer à côté de ce petit bijou d’album, disons que le rédacteur en chef du Canal Auditif aurait pu être taxé de négligence crasse. If He Dies, If If If If If If est une oasis de beauté dans un monde profondément meurtri.

Ma note: 8/10

Jerusalem In My Heart
If He Dies If If If If If If
Constellation Records
44 minutes

http://jerusaleminmyheart.com