Critiques

Janelle Monáe

Dirty Computer

  • Bad Boy Records
  • 2018
  • 48 minutes
8,5
Le meilleur de lca

À mi-chemin entre Erykah Badu et James Brown, Janelle Monae sait se faire attendre, mais déçoit rarement. Ses deux premiers albums étaient étoffés, précis et extrêmement groovy. Inutile de dire que Dirty Computer est un des albums les plus attendus de la planète mélomane.

Comme elle nous y a habituées, l’intro éponyme de Dirty Computer est surprenante et captivante. Nous sommes loin des arrangements symphoniques de son premier long jeu. Un deux minutes pop, RnB qui flirte avec l’électro. Arrive ensuite Crazy, Classic, Life, un métissage finement conçu qui groove sans retenue. On décèle rapidement un changement drastique dans la production. Plus direct, le résultat devient plus pop et accessible, sans toutefois être simple et ennuyant.

La transition subtile entre Crazy, Classic, Life et Take a Bite témoigne de l’effort de la production pour nous offrir de la qualité non diluée. La troisième chanson nous transporte dans un univers ou basse et clavier supportent une mélodie quasi parfaite, un canevas sur mesure pour la voix de Monae. Et c’est un chef-d’œuvre que cette dernière nous offre.

Screwed, avec ses paroles adolescentes et son contenu pour adulte, mérite qu’on lui porte attention. Elle vous semblera être un moment faible, mais une deuxième écoute, particulièrement avec une chaîne stéréo de qualité, viendra vous chercher sans l’ombre d’un doute. Django Jane contraste avec le premier tiers de l’album. Le rythme et le « flow » de la chanteuse américaine nous explosent en plein visage. Exit Erykah Badu et James Brown, bonjour Jay-Z et Stevie Wonder.

Comme si la seule présence de Janelle n’était pas assez, cet album est truffé d’artistes invités. Zoë Kravitz, Grimes (qui est omniprésente sur Pynk) et Pharrell Williams. Le mélange de style est donc omniprésent, mais également de très haut niveau. On passe de l’électro au rap, du funk au RnB avec fluidité et conviction. Monae sait laisser l’espace nécessaire à ces artistes renommés et les résultats sont authentiques et puissants. Vous vous rappelez Random Access Memories de Daft Punk ? Si oui, vous voyez le genre.

Cet album a tout d’un classique. Il marche sur la mince ligne entre complexité et accessibilité, prévisibilité et surprise, et ce, avec l’adresse et l’agilité d’un artiste du Cirque du Soleil. Make Me Feel en est le parfait exemple. La guitare hyper compressée à la Prince se fait enterrer par des couplets brusques et mémorables. I Got the Juice, qui continue dans la « vibe » de Make Me Feel, est saupoudré de la magie de Pharrell Williams, un moment fort.

Écoutez, réécoutez. Que ce soit dans votre voiture, les cheveux au vent, ou dans votre salle d’écoute, le casque sur les oreilles. Vous sentirez la chaleur et l’authenticité que nous offre Dirty Computer. Il sera dans bien des tops de 2018, soyez-en assurés.

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