Critiques

Jacobus

Caviar

  • Indica Records
  • 2019
  • 31 minutes
7

Le rappeur canadien Jacobus est de retour avec un deuxième album solo, Caviar. Il avait lancé au printemps 2017 Le retour de Jacobus. Un premier effort qui était marqué par certaines tensions au sein de Radio Radio qui se cherchait. Pour celui-ci, c’était Alexandre Bilodeau du groupe chiac qui avait signé la réalisation. On retrouvait une énergie contagieuse qui donnait appelait au déhanchement. Qu’en est-il du deuxième volume de ce qui sera une trilogie?

On est grosso modo dans la même talle. Jacobus est toujours un party boy convaincant qui donne envie de laisser de côté ses troubles pour quelques minutes, le temps de suer sur un plancher de danse. Cet hédonisme possède un grand défaut : un manque de profondeur. À l’instar du dernier album, c’est une galette qui redonne le sourire où Jacobus se fait aller la langue avec une agilité et une adresse impressionnante.

Les productions de DJ Unpier amène une certaine fraîcheur au projet, même s’il ne s’aventure pas beaucoup en dehors des rythmes entraînants qui datent des premiers albums de Radio Radio. Les influences sont relativement claires. On y trouve des penchants pour ce que TNGHT (Hudson Mohawk et Lunice) avait proposé, il y a quelques années. Fur Coat HandmeDown est un bel exemple de l’implication de ces sons de cuivres synthétiques mélangés à des échantillons vocaux qui ponctuent la trame.

Les moments qui sont tournés vers la piste de danse fonctionnent bien. Faire la fête sur laquelle Pierre Kwenders fait une apparition se débrouille très bien. C’est le genre de pièce qui pourrait facilement animer la foule entre deux mises au jeu au hockey. F la plage est une autre chanson taillée sur mesure pour les soirées dansantes. Notamment parce qu’on y retrouve de longs passages instrumentaux électroniques aux rythmes lourds et pansus. Mais ça reste que le meilleur, c’est la façon unique avec laquelle Jacobus est capable de tisser en jouant sur les sonorités entre les mots en français, en Français prononcés à l’acadienne et l’anglais.

Oh pauvre moi

Chu bored ici so sauve moi

Man cave stuck

Avec des jerseys sur le wall

Neige dans la cours

Pis du bacon dans le four

J’ai du temps en masse à perdre

À cause ta vie me rend sourd

– Stimulant

Si le plaisir est au rendez-vous à tous les moments de Caviar, les réflexions plus profondes sont pratiquement absentes. Ça ne veut pas dire que Jacobus est écervelé, mais ça reste en surface en tout temps. Ça ne ruine pas notre expérience, mais des fois, on se demande ce que Jacques Alphonse Doucet pense pour vrai.

Ce deuxième volume en solo de Jacobus fonctionne bien et montre à quel point il est bon avec les mots. C’est impressionnant à répétition sur Caviar. Et ça va donner le goût de se brasser le popotin à quelques reprises.

 

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