Critiques

HEALTH

VOL.4 :: SLAVES OF FEAR

  • Loma Vista Recordings
  • 2019
  • 39 minutes
7,5

Trois ans et demi après leur 3e album, les noise rockers de HEALTH, menés par Jake Duzsik, récidivent avec un quatrième volume d’aventures au pays du mal de vivre dansant dont le titre et certains clins d’œil, volontaires ou non, ne sont pas sans rappeler un certain album de Black Sabbath. J’y reviendrai.

D’entrée de jeu, je dois avouer avoir accroché solidement sur le précédent opus. Death Magic est pour moi un genre de Violator (Depeche Mode) contemporain et super pesant.  Un disque à la fois terriblement froid et plein d’émotions qui arrive à évoquer l’amour et la fin du monde, parfois même au sein d’une seule et même pièce. Pour Death Magic, les gars ont mis les expérimentations noise des premiers albums au service de chansons solidement accrocheuses pour la première fois et c’était juste parfaitement chaotique, abrasif et doux. Un 40 minutes de pur bonheur bien balancé. En ce qui me concerne, bien sûr.

À l’écoute de la pièce titre du nouvel album, qui est également le premier single à avoir franchi le seuil de nos tympans, on s’attendait à un album similaire à Death Magic, du moins en termes de structure. C’est donc sans surprise que l’on découvre que le groupe fait encore ce qu’il sait faire de mieux, même sans son claviériste Jupiter Keyes, qui a quitté durant la tournée de l’album précédent. Le VOL.4 de HEALTH est un disque résolument hétérogène qui oscille entre rythmes dansants, influences industrielles et refrains emo au fil de chansons très concises et brutales, souvent sous la barre des 3 minutes. Les rythmes frénétiques et synthétiques de BJ Miller sont toujours le coeur de l’ensemble et souffrent toujours d’un déficit d’attention sévère alors que, dans la même tranche de deux minutes et demie que peut durer une chanson, les refrains pop se battent avec le harsh noise (Feel Nothing) et parfois même quelques gros riffs métal (God Botherer).

C’est encore une fois assez dense en matière d’atmosphère. Normal pour un band qui traite surtout de la fatalité du monde qui nous entoure, de l’absence de dieu et du chaos de nos vies sur fond de musique endiablée, souvent dansante et presque toujours étouffante. Quoi dire sur ce nouveau disque à part le fait que les gars font encore dans la noirceur ? Peut-être le fait que la pièce titre est la plus aboutie de l’album et que la concision de la majorité des pièces joue parfois contre l’ex-quatuor devenu trio. Par contre, il est clairement trop tôt dans mon processus de dissection de leur dernier opus pour que je puisse me prononcer définitivement. Reste tout de même que c’est clairement le disque le plus heavy de leur carrière.

Pour le reste, la voix mielleuse et mélancolique de Jake Duszik est encore et toujours un élément décisif dans l’appréciation que l’on peut avoir de la musique du groupe. On peut le comparer à Billy Corgan ou Axl Rose dans le sens où sa voix est unique et inimitable. Elle repousse autant qu’elle attire, mais ne laisse personne indifférent.

Ah j’oubliais presque: la balade qui termine l’album (Decimation) comporte une finale instrumentale où la guitare évoque beaucoup trop The Straightener de Black Sabbath pour qu’il s’agisse d’un hasard. Je suis d’ailleurs prêt à parier qu’il s’agit de l’origine du préfixe de l’album. J’hallucine peut-être!