Guerilla Toss
Eraser Stargazer
- DFA Records
- 2016
- 29 minutes
Ils étaient nombreux, les groupes de dance-punk dans les années 2000. Ils citaient fréquemment les vieux groupes no-wave dansants comme Liquid Liquid et ESG, mais dans bien des cas, l’effet obtenu était une version édulcorée et facilement digestible de ces influences. Ils sont rares, les groupes qui sont encore classables dans ce mouvement de nos jours, mais Guerilla Toss en est un, et c’est un des mieux placés pour citer la vieille scène new-yorkaise du début des années 1980.
Depuis ses débuts à Boston, la formation Guerilla Toss combine dans ses compositions le mouvement enjoué irrépressible et l’appétit pour le chaos et pour l’inconfort. Après avoir enregistré pour une variété de labels indépendants respectés, dont récemment Tzadik et NNA Tapes, les voici maintenant sur le label qui leur convenait le mieux depuis le début: les disques DFA, le label qui nous a fait danser avec Hot Chip, mais qui nous a aussi déstabilisés avec Black Dice.
Sur Eraser Stargazer, le quintette reprend bien des sonorités du funk, notamment les guitares qui passent par l’auto-wah et les mélodies de basse claires et mises de l’avant, mais les utilise dans un contexte décalé. Bien d’autres groupes ont fait de même, ce qui invite les comparaisons à des groupes aussi variés que P.I.L., Residents, Talking Heads ou plus récemment Dope Body. Il y a cependant une approche très personnelle à Guerilla Toss qui distingue le groupe des autres, pour le meilleur et pour le pire.
Il y a notamment la voix de la chanteuse Kassie Carlson. Elle énonce parfois ses textes sans mélodie, quand ses textes sont à leur plus narratifs, et les tableaux qu’elle décrit sont généralement captivants. Quand elle est plus mélodique, elle répète quelques mots avec beaucoup de flair et un bon sens du rythme, et pousse des glapissements qui ne sont pas sans rappeler Yoko Ono ou Willy Siegel de Ponytail. Dans certaines pièces, notamment Perfume, elle répète un peu trop les mêmes trucs, ce qui devient agaçant, surtout que sa voix est si proéminente dans le mix.
Le groupe peut attaquer ses compositions avec une impressionnante force de frappe, notamment dans la courte Big Brick, et peut aussi se lancer corps et âme dans un groove bancal ou un changement de rythme qui brise totalement la progression d’une chanson. Cette insouciance, cette naïveté enjouée, est ce qui rend le groupe spécial tout autant que ce qui l’empêche de devenir transcendant.
N’empêche, il y a des morceaux très réussis sur ce court album. Si vous voulez faire jouer quelque chose de dansable quand vous recevez des amis qui détestent tout ce qui est mainstream, Eraser Stargazer devrait faire bonne impression.
Ma note: 7/10
Guerilla Toss
Eraser Stargazer
DFA Records
29 minutes
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