Au cours des dernières années, Fontaines D.C. a fait partie des groupes qui ont le vent dans les voiles dans une nouvelle vague de rock en provenance du Royaume-Uni. Appelez ça ce que vous voulez, post-punk, rock, etc. Ce qui relie tous ces groupes, c’est qu’ils ont environ le même âge et une allergie aux genres musicaux définis. Les métissages occupent une place importante dans leur proposition. De plus, au sein de Fontaines D.C., Grian Chatten a exprimé des opinions politiques, des questionnements sur l’humain, sur l’amour, mais avec une bonne dose de cynisme et une agressivité sous-jacente importante.

Chaos for the Fly est un premier album pour Grian Chatten. Enregistré dans les quelques moments de congé de tournée avec l’aide de Dan Carey, celui qui a réalisé les albums de Fontaines D.C. On y trouve une volonté d’arpenter d’autres paysages sonores et se poser des questions sur des enjeux plus personnels comme l’amour (ce bon vieux sujet éternel).

On peut dire que la principale chose qui marque dès le début est l’utilisation importante de la guitare acoustique sur Chaos for the Fly. Même si certaines chansons comme Fairlies ont des rythmes plus prompts, en général musicalement, on est dans des trames assez posées. On retrouve aussi des pièces au sentiment mélancolique sans nécessairement que ce soit ça qui habite les paroles. Parmi les pièces intéressantes, on en retrouve deux aux orchestrations particulièrement réussie : The Score et Bob’s Casino.

On retrouve aussi des paroles plus personnelles, ou qui semble à tout le moins, aborder des questions assez normales pour un jeune homme dans la vingtaine soit : les relations amoureuses. Sur The Score, c’est un amoureux qui n’a pas encore dévoilé ses cartes qui s’adresse à sa flamme. Dans East Coast Bed, il aborde des questionnements, mais avec un sens du laisser-aller à l’avant-plan. Le tout donne aussi une pièce absolument magnifique sur laquelle on peut se perdre dans le refrain atmosphérique, mais où la trompette s’assure de nous ramener sur terre.

Les arrangements magnifiques font loi sur Chaos for the Fly. C’est le cas sur la convaincante Last Time Every Time Forever où on se rapproche un peu plus de Chatten de Fontaines D.C. sans jamais retrouver exactement le ton plus agressif. All of the People est une pièce où il revient aussi à un ton de paroles plus près du groupe alors que le cynisme et la colère sont mis à l’avant, mais avec une grande retenue. Il y a aussi, Salt Throwers Off a Truck, cette chanson qui parle de l’hiver new-yorkais qui fait parfois penser aux premières tombées de neige à l’approche des fêtes au Québec. C’est une pièce très convaincante et enveloppante.

C’est un album très convaincant que propose Grian Chatten. Comme pour Dogrel à l’époque, je trouve que c’est un « grower ». Un album qui demande un certain investissement, mais qui le rend entièrement. Je crois que ça va prendre un petit ajustement aux fans de Fontaines D.C. pour accepter la direction musicale différente, mais ils devraient y trouver leur compte aussi.