
Gloin
All of Your Anger Is Actually Shame (And I Bet That Makes You Angry)
- Mothland
- 2025
- 34 minutes
Deux ans et demi après un premier album taillé sur mesure pour l’esthétique privilégiée par l’étiquette Mothland, les torontois de Gloin sont de retour avec une nouvelle salve de noise punk ascendant pop dansante en rehaussant la valeur globale de leur démarche.
Il faut comprendre ici que l’on danse encore, mais qu’il y a une menace de lourdeur et d’abrasion qui est souvent mise à exécution. C’est particulièrement vrai sur ma pièce favorite de l’album : controlfreak69, un bijou d’agressivité entraînante. Tout de suite après, c’est l’anxiogène The Treatment qui poursuit l’assaut alors que le chanteur John Watson partage les interventions vocales avec la bassiste Victoria Byers. Ce sera aussi le cas sur la tout aussi agitée Horse Fighting. Ce triplé de pièce flirte avec un niveau de violence qui était jusqu’ici étranger au quatuor, du moins sur album. Le travail de Richard Garnham aux claviers et de Simon Kou à la batterie n’est pas étranger à l’intensité des assauts sonores proposés.
Si l’angoisse et l’anxiété dominent la proposition et sont canalisées à travers la saturation extrême et des bidouillages influencés par l’industriel. Tout n’est pas que noirceur, colère et honte. Missed Called est une captation de fans en état d’ébriété post-concert qui laissent un message sur la boîte vocale de l’un des membres du groupe alors que Sent from my Iphone propose une série de questions que l’on pourrait poser lors d’un premier rendez-vous galant sur un fond instrumental beaucoup plus aéré et joyeux que ce que l’on retrouve ailleurs sur l’album. C’est peut-être moins perceptible que sur les deux chansons mentionnées précédemment, mais 20 Bucks, qui ouvre l’album, entre également dans la catégorie des chansons plus humoristiques par le simple fait qu’on y explore avec un pince-sans-rire palpable un thème dont il est impossible de se lasser : le questionnement philosophique lié au choix de carrière du musicien.
Ces moments de relâchement sont les bienvenus dans une œuvre autrement très hermétique, mais bien dansante qui ne manquera pas de plaire aux amateurs des sorties de Mothland, l’étiquette qui s’impose de plus en plus comme le 4AD montréalais, ne serait-ce que pour la cohésion des projets de leur catalogue de plus en plus impressionnant.
Bref, ce 2e album de Gloin ne vous aidera pas à fuir la réalité du monde extra weird et glauque dans lequel nous habitons, mais il est extrêmement efficace dans son rôle d’exutoire. Les habiletés d’écriture du groupe, qu’il s’agisse de texte ou de musique, ont atteint une certaine maturité sans que cela puisse rimer avec prévisibilité. On a bien hâte au prochain!
Mention spéciale à la version française de controlfreak69 proposée en fin de parcours, on prendrait un album en français n’importe quand!