Geoffroy
Live Slow Die Wise
- Indépendant
- 2022
- 25 minutes
Je dois l’avouer d’entrée de jeu : je n’ai pas apprécié le premier album de Geoffroy, Coastline. Quelque chose dans cet album ne cliquait pas avec moi et je n’arrivais pas à accrocher. Je n’ai donc pas donné suite à mon écoute de Geoffroy pendant plusieurs années. Puis, l’année dernière, quand j’ai entendu Strangers on a Train, un des extraits de Live Slow Die Wise, ma perception de l’auteur-compositeur-interprète a changé. J’ai trouvé ça vraiment bon. C’est pourquoi j’ai décidé de me lancer dans la critique de ce troisième album.
Je l’avoue, à la première écoute, je ne m’attendais à rien du tout. Mais dès les premières notes de As My Old Man Always Said, la première piste de l’album, j’étais conquise. Du folk triste chantée par une voix masculine grave, ça m’a toujours charmée. Il y a un petit grain de Matt Holubowski dans la voix de Geoffroy. Le choix de passer d’arrangements plus électroniques à des sonorités acoustiques sert très bien le projet. Peut-être est-ce la présence de Louis-Jean Cormier à ses côtés dans la réalisation et aux instruments sur la presque totalité des pièces qui joue aussi en sa faveur.
Il y a quelque chose de vulnérable dans la voix de Geoffroy et dans ses arrangements. Même les chœurs, notamment ceux de Youngblood, assurés par Amylie Boisclair, démontrent une émotivité à fleur de peau. Mais à la lecture des paroles, tout s’explique : Live Slow Die Wise est une collection de chansons de rupture (ou post-rupture). On suit Geoffroy dans toutes ses réalisations de post-relation. On le voit tout d’abord blessé par une relation toxique intermittente (As My Old Man Always Said). Ensuite, on le retrouve au moment où il réalise que même si sa relation n’est pas finie, ils se doivent de faire leur vie chacun de leur côté (Strangers on a Train). Il a par la suite envie de retourner auprès de l’être cher qu’il vient de perdre (Youngblood) et il accepte, malgré la rupture, que cette personne gardera toujours une place précieuse dans ses souvenirs (Sweetpie).
Yet you are still to me, everything I need.
Sweetpie
And I’ll forever keep the best memories
Sweetpie,
Our sweet ties will slowly let go.
We’ll split our shares, learn to live alone.
Je dois avouer que j’ai un petit faible pour Santa Carolina. Cet interlude musical de 2min28 me fait du bien. Je le trouve rafraîchissant. Je ne suis pas une fan d’interlude pourtant. Mais celui-là me fait l’effet d’un câlin quand j’en ai besoin. Avec sa guitare (et surtout son jeu de fingerpicking), ses oiseaux, ses bribes de paroles d’enfant et ses « ouh » soutenus, Santa Carolina offre une bouffée d’air frais. D’ailleurs, n’est-ce pas la preuve d’un bon album quand même l’interlude est excellent?
Sur Live Slow, Die Wise, Geoffroy a un petit quelque chose de Patrick Watson. Surtout quand on y ajoute une petite touche de piano. Que ce soit Louis-Jean Cormier qui en joue sur Sweetpie ou Geoffroy sur Life As It Comes, le résultat est le même : troublant de vulnérabilité. Notamment Sweetpie, qui est une excellente chanson à écouter les larmes aux yeux, un faible sourire se dessinant sur ses lèvres en repensant à cet ex qui n’est plus dans notre vie, mais de qui on garde de beaux souvenirs.
Vraiment, ce nouvel album de Geoffroy a tout pour plaire aux fans de folk intimiste et tristounet. À écouter en regardant la neige tomber doucement à l’extérieur.