Critiques

Gaspard Augé

Escapades

  • Because Music / Ed Banger Records / Genesis
  • 2021
  • 42 minutes
7

Ne vous en faites pas si le nom Gaspard Augé ne sonne pas de cloche sur le coup, je n’avais moi-même jamais pris le temps de vérifier quels étaient les noms des deux gars de Justice. Augé a formé le projet en 2003 avec Xavier de Rosnay, duo qui a renouvelé en quelque sorte la sonorité électronique française avec leur premier album Cross (2007). C’est que Daft Punk tirait leur révérence avec Alive (2007) et Air allait passer à autre chose après Pocket Symphony (2007). Il y avait de la place sur la scène internationale pour faire contraste à M83, et c’est Justice qui a relevé le défi avec de l’électro rock épique et beaucoup de charisme, french touch oblige. Bon ça fait quelques années de tout ça, j’en conviens, mais reste que Gaspard Augé était de retour cet été avec son premier album solo, Escapades, une excellente nouvelle pour celles et ceux qui ont suivi la vague Justice.

Augé est revenu en grande forme avec Force Majeure, un premier simple qui résonne comme dans un stade, monté à partir de deux motifs irrésistibles. Le premier ouvre la pièce sur des accords de clavier à la sonorité 80s, bien pompé et triomphant, tandis que le deuxième fait contraste dans les basses avec sa séquence monophonique ordonnée, presque sérieuse. La pièce est accompagnée par un adorable extrait vidéo qui place Augé dans la salle d’essais d’une usine de cymbales faites à la main, en Turquie (Bosphorus Cymbals). Je parlais de charisme, en voici un exemple.

Augé a poursuivi avec grand déploiement avec quatre autres extraits vidéo tout aussi hilarants les uns des autres, et tous produits à un niveau cinématographique élevée. À commencer par Hey !, une bombe italo disco un peu space opéra avec chœur et cordes, soutenu par une vidéo d’un cavalier mongolien à la course qui joue la ligne de violon. Captain prend la forme d’une balade estivale entendue à 40° à l’ombre ou dans une comédie de mœurs française, secondé par une vidéo d’un tireur d’élite / bassiste qui tire une ligne de basse sur le capitaine Augé.

Belladone est pas mal plus dansante avec ses accords rythmés de piano et son montage un peu house qui fait ressortir l’effet d’échantillonnage. La vidéo présente Augé en armure sur un monocycle électrique qui passe à travers un décor de film d’époque, pour terminer sa trajectoire en trébuchant sur une roche. Pentacle complète la vidéographie avec une trame triomphante de fin de jeu vidéo 16-bit, et les protagonistes des quatre vidéos précédents qui se réunissent en cercle, connectés par des cymbales pendant que le violon brûle.

L’autre moitié de l’album a le même effet d’entraînement, comme Rocambole qui renforce le thème de space opéra, au point d’avoir peut-être été composée en secret par les Crescendolls. Il y a aussi Europa qui ponctue superbement bien le moule dansant avec une balade mélancolique 70s.

Escapades fait contraste à la discographie de Justice en nous recentrant sur les sources d’inspiration d’Augé, bien étalées entre Jean Michel Jarre et Giorgio Moroder. Il revisite et renouvelle la matière grâce à un savoir-faire qui évolue depuis bientôt vingt ans, et fait en sorte que la réalisation est possiblement une coche au-dessus de ce que le duo a sorti. Néanmoins, on remarque l’absence de voix, et certaines occasions d’amener ça au niveau d’électro rock épique auquel le duo nous a habitués.

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