Critiques

Galerie Stratique

Rêves de Béton

  • Indépendant
  • 2016
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Galerie StratiqueGalerie Stratique est le projet du compositeur québécois Charles-Émile Beullac, dont le premier album remonte à 2001 avec Nothing Down-To-Earth. Après ses débuts à saveur de IDM et d’ambient, Beullac nous a offert un virage sublime vers la matière première avec Faux World en 2008. On se demandait ce qui se passait depuis; et il nous est finalement revenu en novembre dernier avec son nouvel album, Rêves de Béton. Composé de vingt courtes pièces qui retournent aux sources de la musique concrète et électronique; Beullac nous emporte dans un rétrofuturisme de grande qualité.

Sur les Galets démarre sur un son de synthèse scintillant, auquel s’ajoutent des cliquetis, un frottement métallique et du gamelan. La table est mise pour une expérience sonore singulière. Marée Montante enchaîne sur une atmosphère lynchienne mélangée à des interférences spatiales. Quinze Nœuds continue dans la lignée intersidérale avec ses clapotis synthétiques. Ville Engloutie est davantage insaisissable; début grave, chant aérien, vibraphone, et son de thérémine joué comme une bande magnétique élastique.

Karst et Magma passent comme des interludes sci-fi; la première fait un clin d’œil aux années 60, tandis que la deuxième à un certain classique début des années 80. Céphalée est plus percussive, reprenant les impacts de la première pièce en les combinant à des drones panoramiques. Rêve de Bitume est un autre interlude ambiant, à la Boards of Canada cette fois-ci.

Crépuscule Industriel monte le niveau d’un cran avec son mixage de fou, à mi-chemin entre le minimalisme chirurgical et l’atmosphère enveloppante des «pads» synthétiques… wow. Zone de Gris continue dans la précision, mais de façon plus expérimentale. Fièvre mélange un bourdonnement «bouetteux» avec des sonorités radioactives. Tintamarre reprend le vibraphone et l’atmosphère étrange de Marée Montante, effets sonores très sixties et basse rythmée en plus.

Bikini Island sonne comme la deuxième partie de Tintamarre, en plus mélodique. Anxiété Lyrique retourne à l’expérimentation; ça oscille, ça grésille, les circuits en chignent jusqu’à ce que les «pads» et le thérémine prennent le relais. Aspérités et Combustion Lente sonnent, quant à elles, comme la suite de Crépuscule Industriel; même finesse microscopique, même délice auditif.

Hyperlinked Landscape fait dans la trame ambiante, avec échantillons cuivrés et rythme jazzé tandis que Flötentanz contraste avec ses impulsions qui rebondissent jusqu’à l’écrasement. Futur Antérieur est clairement plus aérienne avec ses échantillons de flûte et son solo de sax. Tibia Utricularis termine l’œuvre sur des notes d’électro expérimental, de pungi et de gamelan.

Rêves de Béton est un album pour audiophile d’abord, une sorte de satellite gravitant autour de la planète électronique. Il a un côté intellectuel pour son inspiration de Schaeffer et Stockhausen, culturel pour ses sonorités indonésiennes, comique pour ses mises en scène rétro futuristes, ou technique pour l’excellence de la sitedemo.cauction. On pardonnera le format très court des pièces, qui permet de passer d’une idée à l’autre sans trop de souci, mais qui désoriente par moment.

MA NOTE: 8/10

Galerie Stratique
Rêves de Béton
Indépendant
42 minutes

https://galeriestratique.bandcamp.com

[vimeo]https://vimeo.com/141300292[/vimeo]

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.