Critiques

fuck the facts pleine noirceur

Fuck the Facts

Pleine Noirceur

  • Noise Salvation
  • 2020
  • 42 minutes
9
Le meilleur de lca

Fuck the Facts a tendance à repousser les codes du métal plus loin à chaque création. Plus de 20 ans après les premiers bidouillages de Topon Das, on pourrait s’attendre à ce que le groupe reste dans sa zone de confort. C’est cependant exactement le contraire qui se passe sur le sublime Pleine Noirceur, l’un des meilleurs albums métal, toutes déclinaisons confondues, au cours des 5 dernières années.

Pleine Noirceur est un disque qui refuse toutes les étiquettes. On y retrouve une base de grindcore qui emprunte des éléments à d’autres sous-genres de métal, mais qui a parfois des airs de hardcore.

Les trois membres du groupe excellent à leur façon. Mel Mongeon, qui passe de l’anglais au français, est capable de nous agresser à l’aide d’un growl aigu et violent. Elle peut aussi lâcher un cri qui vient directement des tripes. C’est émouvant.

Topon Das est constamment en train de nous balancer des riffs qui parlent d’eux-mêmes. C’est assez peu commun de sentir une ligne narrative dans un jeu de guitare, mais c’est ainsi que Das construit ses progressions d’accords. Pas comme un Joe Satriani qui veut flasher, mais plutôt en construisant toujours très habilement ses changements de direction.

Finalement, Mathieu Vilandré est une machine de guerre derrière les fûts et possède un sens du dosage peu commun pour un batteur métal. Il a compris la force des silences et les utilise avec intelligence et créativité. Ses rythmes sont changeants et l’utilisation de son instrument est audacieuse.

Je me donne le temps
Défaite, le coeur vidé
Je vais être ok
Mais pas aujourd’hui, ni demain
Je me donne le temps

Je dois me fabriquer de beaux souvenirs

– Pleine Noirceur

La pièce-titre est en quelque sorte la pièce maîtresse de l’album qui aborde des thèmes comme l’appartenance, la déchéance amoureuse et le sentiment d’étrangeté dans une société qui ne nous rejoint plus. Les pièces coulent les unes dans les autres avec peu de pauses. Peut-être qu’on pourrait en noter une au début de Dying Light, la huitième chanson, mais ça pourrait aussi être un retour à un calme relatif. Bref, l’enchaînement des pièces est impressionnant. Comme si l’album ne constituait qu’une seule et longue pièce évolutive.

Les moments les plus brutaux de l’album sont les puissantes Sans Lumière et Sans Racines qui nous percutent avec de gros riffs et des percussions dynamiques. Les plus beaux moments mélodiques de l’album se retrouvent sur la pièce-titre et L’abandon. Mais c’est Dropping Like Flies qui rafle la première place et c’est en grande partie à cause de Topon Das qui nous livre encore une fois des riffs incroyables. Honnêtement, le moment goth métal dans la deuxième partie de Dropping Like Flies est probablement le plus bel instant guitaristique que j’ai écouté en 2020.

C’est rassurant de voir qu’un groupe qui a plus de 20 ans au compteur, et le même cœur créatif depuis près de 15 ans, continue de se réinventer en refusant le confort et la certitude. Fuck the Facts vient d’accoucher d’une grande œuvre. Si vous avez une quelconque sensibilité métal, Pleine Noirceur devrait venir vous chercher avec son habile mélange de puissance et de textures émouvantes. Un album incontournable en 2020.

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