Critiques

Fontarabie

Fontarabie

  • Dare To Care Records
  • 2014
  • 45 minutes
7,5

a1490485592_10Quelque mois après l’arrivée du terme «faire un Beyoncé» dans la mémoire collective (le 15 avril dernier plus exactement) «Planète Québec» fût déstabilisée par une nouvelle du genre. Quelque part aux alentours de 11h30, le mot-clic #Fontarabie fit éruption dans les médias sociaux, tel un véritable volcan. On apprit que Fontarabie était en fait le projet «solo» de Julien Mineau, membre et chanteur du groupe Malajube qui est en pause indéterminée, qu’il était en écoute (et en téléchargement) sur le Bandcamp du projet, et que, contre toute attente, il avait fait, lui aussi, un «Beyoncé», pour paraphraser quelques journalistes enthousiastes de la «twittoshpère». Question de faire parler la musique plus que la «hype», j’imagine.

Comme bon nombre de mélomanes francophiles, je téléchargeai tout de go ledit album aussitôt arrivé à la maison. Puis, je m’assis. Je me laissai porter par le nouveau Mineau saveur «fontarabique». Tout de suite, j’avais la vague impression d’être en terrain connu. Plus je continuais l’écoute de ce Fontarabie, plus j’avais l’impression de revisiter une forêt que je connaissais depuis longtemps, maintenant habitée par une certaine lumière diaphane et diffuse où d’étranges fantômes nous attendent au détour. Je n’étais pas sûr de ce que c’était, mais c’était pour le moins hypnotisant.

Morula, une pièce envoûtante, ouvre l’album, dramatique et sombre à souhait, puis s’enchaîne sur Union libre avec la peur. Après trois pièces, il est clair qu’on a affaire à une œuvre complexe et résolument alambiquée. Notons aussi l’utilisation du célesta, cet instrument hybride entre le glockenspiel et le piano, qui ajoute beaucoup de mystère à la musique de Fontarabie.

À mi-parcours, on comprend rapidement la «recette»: en somme, on a droit à Julien Mineau (et compagnie) proposant une musique cinématique et énigmatique aux arrangements étoffés digne des plus grands groupes de la planète, avec en prime, le chant éthéré qu’on connaît du frontman de Malajube. Le seul problème, c’est au niveau de l’écriture, qui n’est pas sans rappeler son groupe original, par les accords utilisés, leur progression et la façon particulière que Mineau chante.

Personnellement, je me serais attendu à un changement de cap majeur, une proposition avec un angle tout à fait nouveau, qui se démarque facilement de l’œuvre où l’auteur a fait ses premières armes. À titre d’exemple, Louis-Jean Cormier avait laissé tomber les images poétiques et l’art-rock planant de Karkwa pour emprunter une voie pop/rock diablement efficace avec son premier effort solo, Le treizième étage. Pas que ce soit flagrant, mais pour un fan de la première heure, on reconnaît l’artiste, surtout sur les chansons aux arrangements moins étoffés, comme sur les pièces Larve humaine et Blastula. Et c’est peut-être là où Mineau excelle avec Fontarabie: écrire de bonnes voire d’excellentes chansons, tout en gardant intacte sa plume très personnelle et en poussant les arrangements dans une autre direction.

Fontarabie reste un album très satisfaisant, avec de très belles chansons qui demandent plusieurs écoutes afin d’être apprivoisées, mais qui, au final, manque un peu d’un nouveau souffle.

Ma note: 7,5/10

Fontarabie
Fontarabie
Dare To Care
45 minutes

fontarabie.bandcamp.com

[bandcamp width=100% height=42 album=10148156 size=small bgcol=ffffff linkcol=0687f5]