Félix Dyotte
Félix Dyotte
- Coyote Records
- 2015
- 47 minutes
Je me souviendrai toujours de Chinatown surtout pour l’excellente pièce Retour à Vega que je faisais tourner en boucle alors que je me rendais tôt le matin (et la plupart du temps encore saoûl) opérer la console de la station de radio de CISM vers la fin de la précédente décennie. Pour moi, ils incarnaient une sophistication pop-rock un peu étranger à ce qui se fait habituellement au Québec, avec des paroles un brin plus complexes que ce que l’équipe de Marie-Mai pond à longueur d’année, mettons.
Bref, si ce groupe-là n’a pas levé, c’est simplement parce que la machine qui poussait ces gars-là n’était pas aussi puissante que Québecor et que leur «beat» ne s’est pas rendu aux oreilles des gens dits normaux qui écoutent les grosses radios. Mes deux cennes.
C’est donc trois ans après la sortie du deuxième et dernier Chinatown que Félix Dyotte rapplique avec un premier album portant simplement son nom. Il est d’abord allé se faire les dents en tournée avec monsieur Pierre La Voix… Euh… Lapointe, histoire de ne pas perdre la main.
Ce qui frappe d’abord à l’écoute de cette première offrande, c’est la voix chaude et suave de notre homme, maîtrisée comme jamais auparavant. On y entend des pointes de Bashung et de Morrissey à certains endroits et si vous ne connaissez pas ces artistes-là, je vais préciser que c’est un compliment!
Pour ce qui est des thèmes abordés, on reste en terrains défrichés auparavant par Dyotte et ses ex-collègues. Les échecs amoureux, la déprime et les relations humaines sont les principaux points centraux d’un disque aux arrangements subtils et élégants à l’image de l’esthétique de Félix en tant qu’artiste, que ce soit en photo ou en dessin/peinture. On va se le dire, le type est sacrément romantique, mais dans son cas, ça ne tape jamais sur les nerfs et ce n’est jamais «fleur bleue» et facile, mais plutôt esseulé et désespéré.
Même si les textes sont plutôt tristes, la facette instrumentale est souvent «upbeat» et on ne veut pas nécessairement s’ouvrir les veines (sauf peut-être en écoutant la désarmante Feu nous deux). On s’éloigne bien sûr du côté plus rock de Chinatown pour adopter un son plus «indie-pop». Je pourrais finir en tentant d’analyser de fond en comble les paroles de l’artiste, mais je suis plutôt du genre à prôner l’interprétation personnelle alors gêne-toi donc pas pour l’écouter.
À mon avis, c’est un disque très réussi qui saura, je l’espère, trouver son public ailleurs que dans les radios commerciales. De toute façon, c’est beaucoup trop verbeux pour y jouer en boucle. On va laisser ça à Claude Bégin (scusez là!).
Ma note: 7,5/10
Félix Dyotte
Félix Dyotte
Coyote Records
47 minutes
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