Critiques

Exploded View

Obey

  • Sacred Bones Records
  • 2018
  • 38 minutes
5,5

En 2016, le désormais trio Exploded View lançait un premier album éponyme caractérisé par une approche musicale qui allait droit au but. Toutes les chansons de ce disque furent enregistrées en une seule prise ce qui leur conférait une allure quelque peu brouillonne. Menée par la journaliste et activiste politique Anika Henderson, celle-ci accompagnée par Martin Thulin et Hugo Quezada, la formation domiciliée à Mexico City revenait à la charge la semaine dernière avec un nouvel album intitulé Obey.

Laissons Anika Henderson définir la démarche artistique de cette nouvelle production : « We live in a society where we must obey or risk punishment. This can be social punishment, legal punishment or emotional punishment ». Même si nous vivons dans un Occident dit « civilisé », l’existence a toujours été caractérisée par des relations inégalitaires qui, à coup sûr, basculent dans la vengeance et l’humiliation.

Musicalement, Exploded View modifie sa méthode de travail en délaissant totalement l’approche « une seule prise » préconisée sur le précédent effort. Isolé pendant trois mois dans son studio maison, le groupe en a profité pour complexifier quelque peu l’orchestration de ses chansons… mais ça ne change pas grand-chose au résultat final.

Henderson chante toujours comme une émule de Beth Gibbons (Portishead), mais avec des capacités mélodiques nettement moins intéressante. La musique, elle, se transforme en une sorte de krautrock faussement hyperactif. Exploded View prend certains risques… sans convaincre.

Obey est un disque de transition situé à mi-chemin entre le penchant habituel de la formation pour des improvisations échevelées et son désir d’enrober de manière sophistiquée ses chansons. Les très bons moments en côtoient d’autres, assez ennuyants. Si l’extrait Sleepers, l’électro-folk Open Road, la menaçante Raven Raven et l’électro-rock Dark Stains atteignent la cible, on se lasse sérieusement de Come On Honey (du sous Jesus and Mary Chain dont la structure et le texte sont inutilement répétitifs), de la dépouillée et soporifique Letting Go Of Childhood Dreams et de la « velvetienne », un peu n’importe quoi, titrée Rant.

Exploded View nous propose dix pièces claustrophobes sises entre le rêve éveillé et la dure réalité. Ce positionnement musical est trop flou et n’est pas assez affirmé pour qu’on puisse sympathiser réellement avec le trio. Miné par les chansons quelconques, Obey est un disque à classer dans la catégorie « trois petits tours et puis s’en vont ». C’est dommage, car les intentions créatives sont fort louables, mais c’est peut-être un manque de maîtrise musicale qui empêche le groupe d’atteindre son plein potentiel.

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