Critiques

Étienne Fletcher

Kauai O’o

  • Indépendant
  • 2025
  • 26 minutes
7

Étienne Fletcher lance un deuxième album, près de quatre après Entre-deux, qui lui a permis de faire de la tournée au Canada bien sûr, mais qui lui a aussi ouvert les portes de l’Europe où il a fait quelques séjours. Le Fransaskois a tout raflé aux Trille Or en 2023 pour son précédent et a laissé une empreinte importante sur la musique francophone en Saskatchewan, notamment en créant la maison de disque Homestead avec Mario Lepage (Ponteix).

Ce deuxième album, Étienne Fletcher l’a nommé Kauai O’o en l’honneur d’un oiseau hawaïen, dont le dernier individu, continuait de chanter en espérant recevoir un chant en retour d’un autre compère. En vain. Pendant de nombreuses années. C’est facile de remplacer l’oiseau par la situation des francophones au Canada qui sont toujours un peu seul dans la masse anglophone. Fletcher vient pourtant d’une famille bilingue, mais il tient à la langue française et à sa survie. C’est sûrement ce qui a motivé aussi la création d’Homestead records. Comme plusieurs artistes des prairies, il comprend l’attrait de quitter sa province pour venir vivre au Québec pour faire avancer sa carrière. En créant une structure par chez lui, il crée un endroit qui est prêt à accueillir des artistes de l’Ouest canadien et leur offrir le support nécessaire pour qu’ils s’épanouissent.

Dans le même ordre d’idée, il propose en ouverture Poètes, une pièce dynamique et revendicatrice. Une couleur qu’on ne lui connaissait pas encore. Il chante le désœuvrement face à une classe politique qui l’a déçu à maintes reprises. La chanson-titre de l’album parle pour sa part d’extinction et de ce sentiment de voir les autres disparaître à vue d’œil. Un sentiment qui donne envie de pousser la sonnette d’alarme. Le tout se fait aussi avec de très beaux échantillons et une instrumentation intéressante. Ce n’est pas la seule fois que Fletcher propose des instrumentations intéressantes. Berceuse pour Riel, qui échantillonne les voix d’enfants, est aussi nappée de textures luxuriantes. C’est franchement beau.

Il y a d’autres textes qui sont un peu moins forts sur Kauai O’o, comme c’est le cas sur Assis-toi qui reste assez sur des lieux communs. Ceci étant dit, la mélodie vocale est efficace et la balade est facile à adopter. Même chose du côté de Pas le temps qui offre des moments de rock sympathiques, mais qui laisse un peu sur sa faim au niveau des textes.

C’est un deuxième album court, mais plaisant qu’offre Étienne Fletcher. On y trouve les plus belles instrumentations qu’il a proposées depuis le début de sa carrière. Il y a là quelque chose qui est en train de se développer une tendance qui est franchement intéressante. On peut dire que si la peur de l’extinction guette la communauté francophone de la Saskatchewan, ce sont des albums comme Kauai O’o qui rappelle toute sa richesse.

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