Critiques

Enfants Sauvages

Arythmie

  • Indépendant
  • 2023
  • 21 minutes
7,5

Enfants Sauvages. Avec un nom pareil, personne ne sera surpris d’apprendre que le quatuor originaire de la Vieille Capitale est un groupe de punk hardcore. Formé à la base de Rox Arcand (voix, paroles), de Doc (guitare), de Lucille (basse) et du Kid (batterie), c’est Nick qui officiait à la deuxième basse jusqu’à tout récemment. Depuis, il a été remplacé par un dénommé Max. Comme vous pouvez le constater, le quintette utilise deux basses pour nous dessuinter les oreilles dans les règles de l’art !

En 2018, le groupe avait lancé Crève ton cœur; un disque réunissant dix chansons qui se déployaient en un peu moins de quinze minutes. Cinq ans plus tard, Enfants Sauvages refait surface avec un nouveau « long format » intitulé Arythmie. Enregistré en direct sur bobines par Ryan Battistuzzi, le groupe n’a pas employé de métronome pour garder le rythme de manière dite « professionnelle » et aucune surimpression instrumentale (overdubs) n’a été ajoutée. Michel « Away » Langevin, batteur de la légendaire formation métal Voivod, a conçu la pochette de l’album.

Cette fois-ci, ce groupe de la basse-ville de Québec nous balance à la tête dix-huit jouissives chansons, en tout près de 21 minutes, entrecoupées de comptines pour enfants. Enfants Sauvages ne s’enfargent pas dans la subtilité littéraire, tant s’en faut. Pour qu’un disque punk fonctionne pleinement, ça prend une « frontwoman », ou un meneur, qui n’a pas froid aux yeux. Rox Arcand possède vraiment la tête de l’emploi. Elle nous parle de sexe, de crème soda, de vodka et de rock’n’roll, tout en offrant des hommages magnifiquement crasseux aux disparus Jay Reatard — musicien garage punk états-unien décédé en 2010 — et… Michel Louvain !

Dans la conclusive Michel Poulin — le vrai nom du plus grand chanteur de charme que le Québec a connu —, Rox relate la rencontre, fictive ou non, qu’elle a eue avec lui. Elle en arrive à la conclusion que l’homme sentait le sucré, plus précisément la crème fouettée. Impossible de ne pas éclater de rire à l’écoute de cette singulière « déférence ».

À travers ces quelques clins d’œil sarcastiques / humoristiques, ce sont les performances vocales et rythmiques réalisées par Rox et le Kid, respectivement, qui impressionnent. Si la première interprète ses chansons comme si sa vie en dépendait, le batteur, lui, impose une rythme carrément martial sur toutes les chansons de l’album; une véritable locomotive à laquelle peuvent s’accrocher en toute quiétude les deux basses et la guitare.

On salue également les faux départs et les commentaires de Rox à la fin ou au démarrage de certains titres. Dans Crème Soda, elle y va d’un souriant « C’t’hostie de toune-là… Voyons câlisse… Crisse de toune! ». À la fin d’Ovaire Over, elle assume pleinement ses erreurs : « Moé j’ai juste gueulé à la fin pis je m’en tabarnak si j’ai pas dit ma dernière ligne ».

Trêve de bla-bla inutile, ce deuxième album d’Enfants Sauvages ne fait aucun compromis et c’est tant mieux ! Rox Arcand offre vraiment une performance vocale exceptionnelle.

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