Critiques

Emma Ruth Rundle + Thou

May Our Chambers Be Full

  • Sacred Bones Records
  • 2020
  • 36 minutes
8
Le meilleur de lca

Les adeptes du festival Roadburn aux Pays-Bas étaient déjà au courant du secret le mieux gardé de la scène heavy américaine, mais l’annonce nous est venue à la fin de l’été 2020: la chanteuse Emma Ruth Rundle et les très prolifiques Thou allaient lancer un album collaboratif. En effet, le groupe lourd de Baton Rouge et la chanteuse-guitariste solo (depuis les dernières années) se sont produits ensemble pour la première fois en 2019 dans le cadre du festival de musique heavy en question. Et le résultat sonne aussi bien que cela pouvait sembler sur papier.

Ces courtes 36 minutes de musique s’ouvrent avec l’excellente Killing Floor. Probablement le morceau qui regroupe le mieux le savoir-faire des deux entités : un riff lourd, lent et répétitif avec les deux voix bien différentes qui se rencontrent bien loin dans le mix. La mélodie envoûtante d’Emma Ruth Rundle est soutenue, bien loin derrière, par Bryan Funck et son cri primaire qui fait la marque de Thou.

On se retrouve par la suite en territoire plus grunge. Monolith et Out of Existence sont de solides chansons rock de moins de 4 minutes. Mais bon, après tout, le son des années 90 n’est jamais bien loin avec nos amis louisianais. Cela dit, c’est d’une efficacité redoutable. Et quelque peu attendu. Nous y reviendrons.

Ancestral Recall, en milieu de piste, est probablement la pièce où Emma Ruth Rundle laisse le plancher le plus souvent à la voix métallique du duo. On se retrouve avec une dichotomie entre le metal et le slowcore. Le tout, encore une fois, sous la barre des 4 minutes. Pas à dire, la bête à deux têtes se concentre sur l’efficacité plutôt que de chercher les montées épiques. Et c’est tout à leur avantage.

Le moment le plus metal de l’album vient avec Magickal Cost. Malgré sa lente introduction, le tout finit par exploser avec le vocal de Funck et une séquence de blastbeats bien assumés. Ce qui nous amène vers la fin du programme avec Into Being avec son riff post-hardcore du début des années 2000. Quelque peu répétitif, mais l’alternance des voix sait garder l’auditeur bien attentif.

En guise de conclusion, le premier extrait de l’album, The Valley, qui, disons-le, laissait présager quelque chose de légèrement différent. Seule pièce de près de 9 minutes de l’album, avec ses couches de sons vaporeux, nous laissait croire à un album de post-rock-hardcore pour le duo. Cela dit, pour les fans du style, cette dernière pièce est le moment fort de l’album. Un subtil violon perdu quelque part dans les premières minutes de l’album vient soutenir la voix mélancolique d’Emma Ruth Rundle. Le tout culmine avec un ultime duo de voix mélodieuse et criée sous un riff massif qui ne ferait pas honte aux Neurosis de ce monde.

À peine sorti de cette oeuvre, on se trouve à espérer une récidive dans un futur qui, on l’espère, ne sera pas si lointain. Cette association a tout pour plaire aux fans des deux artistes et pourrait même aller en chercher de nouveaux. Une des sorties heavy les plus intéressantes de l’année.

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