Critiques

Elephant Micah

Where In Our Woods

  • Western Vinyl
  • 2015
  • 36 minutes
7,5

Elephant Micah - Where In Our WoodsJoseph O’Connell, alias Elephant Micah, est un auteur-compositeur-interprète originaire de l’état constituant «le carrefour de l’Amérique» (est-ce qu’on s’en fout?) nommée Indiana. Le musicien est fort respecté parmi les adeptes de folk états-unien. Un peu comme son mentor, Will Oldham (Bonnie Prince Billy), l’homme multiplie les parutions de toutes sortes, se foutant des vieilles conventions de l’industrie du disque. À retenir dans le corpus du bonhomme: Louder Than Thou (2012) et Globe Rush Progressions (2013)… et surtout une affection indéfectible pour Oldham.

Oldham participe activement à ce Where In Our Woods, qui paraît cette semaine sous l’étiquette Western Vinyl. En effet, le troubadour appuie O’Connell tout au long de l’album par de sublimes harmonies vocales qui propulse ce disque dans la stratosphère. Au-delà de l’indéniable ascendant de Bonnie Prince Billy, Elephant Micah propose un folk intimiste/minimaliste qui n’a rien à envier à son mentor. Un disque anti-ostentatoire, comme il s’en fait de moins en moins aujourd’hui, d’une véridicité à toute épreuve et sans aucune «bullshit». O’Connell propose une œuvre minimaliste qui fait honneur au genre.

L’artiste s’exécute sur une simple guitare aux cordes de nylon magnifiquement enregistrée et agrémente ses chansons avec parcimonie: résidus d’orgue, de percussions et de ukulele. De plus, Elephant Micah nous gratifie de sujets aussi captivants que le sexe (oh! oui!), la drogue, le voyage, le propos enrichi d’imagerie animalière, d’effets littéraires surnaturels et autres astuces poétiques des plus intéressants.

À dire vrai, l’influence de l’éminence grise Oldham est omniprésente, mais rien qui ne porte ombrage au travail à l’apparence simple, mais méticuleux du songwriter. Rien n’est laissé au hasard, chacun des accords et des instruments utilisés est à sa place. Un travail de réalisation hors pair… et comme il est si facile de «trop» réaliser un album de nos jours, on apprécie les choix du musicien. Même si O’Connell sonne parfois vocalement comme Oldham, ce Where In Our Woods se démarque par son dépouillement sonore ainsi que par l’interprétation juste de son créateur.

Cette élaboration s’écoute d’un seul trait et grâce à cette seule austérité (thème à la mode qui s’applique mieux à la musique qu’à l’économie… mettons!) Joe O’Connell nous présente un superbe album folk. Tous les morceaux sont incassables et émouvants, mais on a particulièrement retenu ce seul accord (qui caractérise à lui seul l’album), accompagné d’un orgue, constituant l’étonnant bridge de Slow Time Vultures. Ce moment représente éloquemment la quiétude, mais aussi la pertinence de cette rapacité musicale.

Le parcours artistique d’Elephant Micah est quasi identique à celui de Will Oldham (prolifique créateur chansonnier, sitedemo.cauctions «homemade», etc.), mais on a entendu bien pire comme inspiration. O’Connell se démarque par des compositions uniques et franchement bouleversantes. Il y a de ces disques qui tombent crissement au bon moment! Un folk qui ramène à l’essentiel.

Ma note: 7,5/10

Elephant Micah
Where In Our Woods
Western Vinyl
36 minutes

http://www.elephantmicah.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YWqH_KBe1UU[/youtube]