Critiques

Bonnie Prince Billy

Singer’s Grave + A Sea Of Tongues

  • Drag City
  • 2014
  • 41 minutes
7

Bonnie-Prince-Billy-2014-CoverL’auteur-compositeur-interprète folk country indie, Will Oldham, qui a usé d’un bon nombre de pseudonymes au cours de sa carrière (Palace Brothers, Palace Music, Palace, Bonnie Billy, etc.) lance cette semaine dans les bacs, sous le diminutif (adopté en 2003) de Bonnie Prince Billy, Singer’s Grave + A Sea Of Tongues. L’hyperactif musicien y va d’une offrande alliant des compositions issues de quelques «b-sides» à des relectures d’anciennes moutures parues sur Wolfroy Goes To Town (2011).

Pas beaucoup d’informations ont émergé concernant la sortie de ce disque, à part une singulière entrevue radio (voir le lien vidéo en bas de page) donnée par le bonhomme sur laquelle il affirmait que l’inspiration menant à la gestation de ce disque provenait d’une blessure subie à un pied (qui a créé un trou béant); Oldham désirant combler la brèche laissée par la plaie… Ouf! Étrange! Ceci dit, les adeptes du songwriter logeront en terrain sonore connu en écoutant cette énième parution. Toujours ce folk country orfévré, habillé de magnifiques harmonies vocales et exécuté avec une précision chirurgicale. Ceux qui connaissent Oldham savent que cette minutie n’a pas toujours fait partie des principaux attributs du compositeur.

Évoluant dans une relative confidentialité, Will Oldham peut se vanter aisément d’avoir un corpus chansonnier exhaustif et pertinent… et ce Singer’s Grave + A Sea Of Tongues vient s’ajouter à l’abondance de créations de luxes que le musicien distribue depuis 1993. On pourrait reprocher à Oldham un léger manque d’inspiration, mais on doit avouer que les versions proposées sont agréablement modifiées. On pense à la remarquable We Are Unhappy ainsi que Quails And Dumplings révélés sur Wolfroy Goes To Town.

Musicalement Oldham chante mieux que jamais (une consommation d’alcool excessive n’ayant pas aidé la cause du troubadour dans un passé pas si lointain), les musiciens qui l’accompagnent maîtrisent suprêmement l’univers inimitable du compositeur, ce qui donne l’impression d’entendre un Townes Van Zandt lumineux, en parfait contrôle. Même si on perçoit une certaine redite et qu’Oldham semble remplir ses obligations «contractuelles» (l’image du trou/lésion nous venant en tête), le barde a atteint un niveau de professionnalisme irréprochable, d’une constance à toute épreuve.

Parmi les rejetons offerts sur ce Singer’s Grave + A Sea Of Tongues, on a eu un penchant accentué pour le folk country rock dynamique titré So Far Here We Are, la superbe balade There Will Be Spring, les versions de Quail And Dumplings et We Are Unhappy, le country-rock à la Parsons titré Match, le refrain grandiose et frémissant entendu sur Whipped de même que la mélancolique New Black Rich (Tusks). Un autre bon disque au compteur.

Bonnie Prince Billy parvient encore une fois à parachuter une sitedemo.cauction de qualité qui s’ajoute à cette foisonnante œuvre. Depuis quelques années, ce qui étonne chez Oldham, c’est cette stabilité/fiabilité qui fait que pour les aficionados de folk country, ça demeure un plaisir qui se renouvelle à chaque nouvelle parution. Digne de confiance.

Ma note: 7/10

Bonnie Prince Billy
Singer’s Grave + A Sea Of Tongues
Drag City/Palace Records
41 minutes

www.dragcity.com/artists/bonnie-prince-billy

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=zUDLmRifMUk[/youtube]