Critiques

Echo & The Bunnymen

The Stars, The Oceans & The Moon

  • BMG
  • 2018
  • 64 minutes
4

Echo & the Bunnymen est un des groupes les plus emblématiques de la scène post-punk ayant déferlé sur l’Angleterre à la fin des années 70 et au début des années 80. Aujourd’hui réduite à deux de ses membres fondateurs, la formation joue la carte de la nostalgie avec The Stars, the Oceans & the Moon, un « nouvel » album composé en quasi-totalité de réinterprétations de classiques de son répertoire.

Né à Liverpool en 1978, Echo & the Bunnymen a toujours exercé une sorte d’aura particulier, en bonne partie en raison de la voix singulière et des textes énigmatiques du chanteur Ian McCulloch, mais aussi en raison du son distordu et du jeu économe du guitariste Will Sergeant. La bonne nouvelle, c’est que McCulloch et Sergeant sont aujourd’hui derrière cette nouvelle incarnation du groupe. La mauvaise, c’est qu’on conteste un peu la nécessité de refaire des chansons parfaites comme The Cutter, Rescue ou encore The Killing Moon, la plus célèbre d’entre toutes.

Remarquez que ce n’est pas la première fois que la bande à McCulloch donne dans la nostalgie. En 2008, la formation avait joué l’intégralité de l’album Ocean Rain, paru à l’origine en 1984, lors d’un concert au Royal Albert Hall de Londres. Echo & the Bunnymen a néanmoins continué d’enregistrer du matériel original durant toutes ces années, dont le dernier Meteorites, lancé en 2014. Cette fois, deux nouvelles pièces se faufilent sur The Stars, the Oceans & the Moon et elles sont les plus intéressantes du lot, ce qui en dit beaucoup sur la pertinence de ce nouveau disque.

Dans le communiqué de presse accompagnant la sortie de l’album, Ian McCulloch a semblé vouloir justifier la démarche en affirmant : « Je ne fais pas ça pour personne. Je le fais parce que c’est important pour moi de rendre les chansons meilleures. Je me dois de le faire ». Au final, on se retrouve avec des versions un peu plus lustrées que les originales, avec des cordes omniprésentes et des tempos généralement plus lents. L’album s’ouvre sur Bring on the Dancing Horses, un des titres les plus connus du catalogue d’Echo & the Bunnymen, lancé en tant que simple en 1985. La voix de McCulloch a bien sûr changé au fil des années et se fait ici plus rauque, ce qui n’est pas désagréable. Par contre, on déplore l’abus de synthés et de batterie dans le mix, ce qui relègue les guitares de Sergeant en arrière-plan. La chanson Zimbo, aussi connue sous le titre All My Colors, est également ensevelie sous les synthétiseurs, ce qui lui donne des airs de musique New Age. La reprise de Stars Are Stars (de l’album Crocodiles, 1980) se veut elle aussi une pâle copie de l’originale.

Parmi les quelques bons coups, on note la belle réinterprétation du classique Seven Seas, sur laquelle la voix de McCulloch est baignée d’un écho qui lui confère quelque chose de solennel, tel un hymne à la beauté et à l’immensité du monde. La suivante Ocean Rain est coulée dans le même moule, avec de jolis arrangements de cordes qui lui donnent un côté plus poli, mais sans vraiment ajouter à l’originale. Parmi les deux nouveaux titres, The Somnanbulist est le plus réussi, avec sa rythmique planante et un riff de guitare efficace qui appelle à une forme de transcendance.

Le principal attrait de The Stars, the Oceans and the Moon est qu’il nous invite à nous replonger dans l’œuvre d’Echo & the Bunnymen, un des groupes majeurs du début des années 80, un rival de U2 sans le côté moralisateur, dont la musique baignée de doute et d’angoisse reste encore aussi pertinente aujourd’hui. Mais on préférerait que la troupe regarde vers l’avant au lieu de faire dans l’archéologie.

 

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