Critiques

Dumas

Cosmologie

  • La Tribu
  • 2023
  • 39 minutes
7

Depuis son arrivée dans le paysage musical québécois en 2001, Dumas s’est forgé une place enviable dans la famille des auteurs-compositeurs-interprètes québécois parmi les plus appréciés du grand public. En concert, l’artiste livre sans aucun doute la marchandise.

En 2014, il nous avait présenté un album éponyme aux relents d’électro-pop sexy qui, malheureusement, n’avait pas trop emballé l’auteur de ces lignes. Quatre ans plus tard, il récidivait avec Nos idéaux; un retour aux sources qui évoquait par moments Le cours des jours (2003), un grand classique de la musique québécoise qui célèbre cette année son vingtième anniversaire.

Voilà que le Victoriavillois d’origine est de retour avec un 12e album en carrière intitulé Cosmologie. Réalisé par l’incontournable Philippe Brault et accompagné littérairement par Jonathan Harnois, Dumas nous propose un album électro-pop qui parie sur l’apaisement plutôt que sur le plancher de danse.

Cosmologie oscille avec fluidité entre espoir et nostalgie. L’enfant qui habite toujours le musicien est présent dans une pièce comme L’ailleurs. Dans Tout passera, c’est le vélo de l’artiste qui est mis en valeur. Le mythique road trip est le personnage principal de Chicago et le rythme de vie effréné que l’on mène tous et toutes — souvent sans trop savoir pourquoi — est le thème principal de Lune d’été :

Si la vie

Trace une voie que l’on ne choisit pas

Comment faire pour caser le vrai dans le fol agenda

– Lune d’été

Cosmologie est un album qui nous rappelle aussi de jouir de la chose la plus précieuse que la vie peut nous offrir : l’instant présent. Dans la pièce-titre, Dumas nous contraint à regarder la réalité en face :

Et les souvenirs

Qu’on veut retenir

Ils finiront

Au fond des galaxies

– Cosmologie

Les nouvelles chansons de Dumas n’ont pas été conçues dans l’urgence. C’est en rencontrant Phillipe Brault en joggant que le projet a lentement pris forme, sans aucune pression extérieure. En fait, les démos des nouvelles chansons de l’artiste n’ont pratiquement pas été retouchés afin de ne pas dénaturer les idées initiales créées par l’artiste.

Conçu dans une bulle harmonieuse, et malgré l’excellence mélodique de certaines chansons (Mouvement, La mer, Leitmotiv), Cosmologie demeure dans des sentiers sûrs et déjà arpentés par Dumas. Il est toujours étonnant d’entendre les chansons « middle of the road » de ce songwriter autodidacte et doué, surtout quand on sait qu’il est un mélomane hautement curieux et ouvert d’esprit. Cet intérêt marqué pour le travail de ses semblables devrait l’amener à prendre plus de risques, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. En contrepartie, les influences de LCD Soundsystem entendues dans quelques chansons et les guitares « cure-esques » dans l’intermède Bermudes sont d’excellentes indications des goûts musicaux de l’artiste.

Cela dit, ceux qui affectionnent Dumas depuis ses débuts vont adorer ce nouvel album. Pour les autres qui, comme l’auteur de ces lignes, souhaiteraient le voir briser son confortable cocon — et il en est capable —, il faudra attendre…