Critiques

Drake

Honestly, Nevermind

  • OVO Sound / Republic Records
  • 2022
  • 53 minutes
6,5

Vendredi dernier, Drake lançait avec que très peu d’avertissements, un album-surprise : Honestly, Nevermind. Celui-ci arrive neuf mois après la sortie de Certified Lover Boy qui n’avait pas reçu de bonnes critiques. Avant même de peser sur « jouer » on pouvait fantasmer que ce serait une œuvre comme If You’re Reading This It’s Too Late, l’un des meilleurs en carrière du Torontois.

Dès les premiers instants, on sait qu’il ne s’agit pas du tout de cela. Les rythmes dansants qui s’échappe des enceintes est surprenant. Pas tout à fait étranger à Drake qui a déjà flirté avec le genre, mais jamais avec ce genre d’effort pleinement dédié. On retrouve sur Honestly, Nevermind des pièces de pop R&B sur des trames principalement de Baltimore Club qui est un mélange de breakbeat et de house. Ça donne un résultat particulièrement efficace pour du rap. Drake pousse l’audace jusqu’à un chant r&b-esque à la Hold On, We’re Going Home.

Ce sont les mélodies qui occupent le centre de l’arène ici et malheureusement, ce n’est pas la plus grande qualité de Drake. Il n’est pas mauvais, mais ce n’est pas là que réside sa force. Par contre, le travail de trame est vraiment impressionnant. Particulièrement celui de Sona sur Texts Go Green, une des meilleures pièces d’Honestly, Nevermind. C’est aussi le cas sur la suivante, Currents, composée par Black Coffee et Gordo, qui utilise le bruit d’un jouet qui fait « squick squick » et qui, rythmé de cette façon, donne une impression de lit bruyant pendant que… vous savez quoi.

Une autre des trames réussies est Calling My Name, bien que le texte lui, soit un peu « dude ». C’est d’ailleurs la faiblesse d’Honestly, Nevermind : les textes. Ils sont généralement assez superficiels et Drake joue beaucoup plus sur la répétition et les mélodies. Parfois, c’est un peu plus fourni comme sur Sticky, mais encore une fois, ce n’est pas le meilleur rap du Torontois. Falling Back offre de bons moments aussi avec sa trame bien construite et un Drake assez dynamique.

Parfois, le côté vaporeux de l’approche fait mouche, comme sur Flight’s Booked qui a un peu un « feeling » à la Orbital. C’est peut-être un peu le bon et le mauvais côté de l’album. C’est le genre de musique qui progresse lentement sans de grands remous. Le genre de chose qu’on entend dans un café parce que ça ne va déranger personne. Ce n’est pas excellent, ce n’est pas mauvais non plus. Ce serait le genre d’album à mettre un dimanche après-midi ou dans un spa. C’est toujours bien mieux que des cristaux !!!

Tout ça pour dire que Honestly, Nevermind est un album intéressant où Drake se risque dans une nouvelle direction. Ce qui n’est pas donné à tous les monstres de la pop de son genre de prendre ce genre de risque. Ce n’est pas non plus un album marquant dans sa discographie.

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