Critiques

DMX Krew

Loose Gears

  • Hypercolour
  • 2021
  • 52 minutes
7

Edward Upton est un vétéran de la scène techno house britannique qui compose sous le nom DMX Krew depuis plus de vingt-cinq ans. Il a débuté sa carrière sur Rephlex, l’étiquette indépendante de Richard D. James (Aphex Twin), une collaboration qui a produit huit albums de 1996 à 2009 qui l’a placé bien au centre des courants techno et house, et par extension du mouvement rave. Depuis cette belle époque, Upton a continué à créer avec la même liberté artistique, publiant l’équivalent d’un album par année à la manière d’un DJ ingénieux qui n’a rien à prouver et qui fait ça pour s’amuser. DMX Krew était de retour en février avec un vingt-cinquième album, Loose Gears, et une dizaine de nouvelles pièces réunies dans un thème rassembleur qui démarre bien la soirée.

Inconnected débute avec une ligne de basse très cool qui bondit en boucle, accompagné par une séquence percussive à la sonorité de cloche. Le thème techno pop est complété par les synthétiseurs qui se renouvellent en variant sur la quantité d’effet de spatialisation, à la Kraftwerk. La boîte à rythmes ouvre New Sty sur une séquence entraînante qui devient irrésistible une fois le kick arrivé. La pièce conserve une part de techno, mais le mélange évolue éventuellement en acid disco bien satisfaisant. Torpedo Tube continue dans la même direction en focalisant sur le duo formé de la basse monophonique et la boîte à rythmes. La séquence est complétée par un motif arpégé et un filament orchestral aux claviers. The Bombardier assure la suite comme un mix de DJ en conservant exactement le même élan, tout en prenant soin de changer un peu le motif de la mélodie.

Solar Transit renchérit le mix et se démarque avec un joli simili refrain italo disco qui sort du moule. Wetware revient à la techno pop et propose une séquence rythmique minimaliste, sur laquelle la ligne mélodique nous amène plus loin en s’étirant comme des sirènes élastiques. Imaginary Beat se développe à partir d’un motif percussif texturé par des réverbérations harmoniques, chapeauté par une caisse claire à la sonorité 8-bit. Le thème reste linéaire, passant subtilement à travers un vocodeur pour se transposer en motif mélodique.  

Dejected Ambiant Twerp démarre avec un triangle placé à l’avant des percussions, servant de cadre à une couche vaporeuse de synth wave. La pièce évolue en trame de lounge futuriste à néons avec ses sonorités scintillantes générées par les oscillateurs. Xpansion 2 conserve l’atmosphère sci-fi avec une séquence synthétique qui plane d’une note à l’autre. Le son de satellite enveloppé dans le filament ambiant fait penser à de la musique pour sonde spatiale. Loose Gear fait faire le saut avec sa ligne de basse de Halo, comme un pastiche à la sonorité MIDI qui aurait pu servir dans un jeu vidéo 16-bit intitulé Playing with Depeche Mode. Sans doute un hommage. Sounds Good prend la direction italo disco et décore le thème avec des échantillons de voix d’enfants qui faussent et un solo de synthétiseur 80s.

Loose Gears est amusant et rafraîchissant comme un gin-tonic pétillant un soir d’été, ce qui est tout à fait approprié pour souligner vingt-cinq ans de carrière. Upton a une maîtrise totale de la matière sonore et cela fait en sorte que sa musique continue d’évoluer dans les détails, un groove à la fois. Cela ne renouvelle peut-être pas la sonorité techno et house, mais rappelle que l’objectif est davantage sensoriel qu’intellectuel. C’est ainsi que l’album gagne à être écouté à volume suffisamment élevé pour faire vibrer le plexus.

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