Critiques

DJ Shadow

The Mountain Will Fall

  • Reconstruction Records
  • 2016
  • 53 minutes
6,5

DJ ShadowJoshua Paul Davis, alias DJ Shadow, est l’un des précurseurs du mouvement hip-hop expérimental. L’un des hauts faits d’armes du bonhomme est qu’il est le premier artiste à avoir composé un album exclusivement conçu d’échantillonnages. Je fais référence bien sûr au célébrissime Entroducing… paru en 1996. Davis n’est pas un adepte de l’hyperactivité professionnelle comme en fait foi sa discographie éparse: une sitedemo.cauction de six disques en 20 ans. Pour être franc, je dois vous avouer qu’un gars comme Steven Ellison (Flying Lotus) a dépassé Davis d’une bonne tête.

Récemment, le vétéran mettait sur le marché The Mountain Will Fall sur lequel une multitude d’invités font leur apparition; de Nils Frahm, en passant par Ernie Flash et Run The Jewels… et ce sont quand ces mêmes convives s’associent à DJ Shadow que ce nouvel album prend de l’ampleur. Souvent, The Mountain Will Fall sonne plus comme un bon «DJ set» qu’un véritable album réfléchi. C’est loin d’être inintéressant, mais c’est parfois trop touffu, particulièrement dans les titres instrumentaux.

Cette fois-ci, DJ Shadow remise ses tables tournantes, camoufle ses échantillonnages et se lance dans une série d’expérimentations plus contemporaines que jamais, et ce, malgré les relents passéistes qu’on entend dans les introductions de certaines chansons. Ce que j’aime chez Davis, c’est quand il pose un pied dans le passé et l’autre dans la modernité. Nobody Speak, qui met en vedette les excellents Run The Jewels, est éloquente en ce sens. Un fond de cuivres, un «sampling» de guitare, un rythme carré et le «flow» dynamique de Killer Mike et El-P et ça donne un résultat plus qu’intéressant.

C’est quand DJ Shadow tente de se rapprocher de la virtuosité d’un Daniel Lopatin (Oneothrix Point Never) ou quand il tombe dans des moments atmosphériques déconstruits que le bât blesse. L’agressante Mambo agace totalement (du sous-Lopatin à mon humble avis) et l’inutile Three Ralphs, qui sert d’intermède d’une durée de près de 4 minutes, sont monotones. En début d’album, ça m’a semblé franchement interminable.

En contrepartie, lorsque Davis s’associe à un invité de talent, ça fonctionne beaucoup mieux. La dynamique Begschrund, avec Nils Frahm, est excellente et The Sideshow met en lumière le talent d’Ernie Flash qui y va d’un «flux littéraire» exemplaire. Cette pièce m’a remémoré les bons vieux Beastie Boys qui feraient équipe avec Tricky. Excellent morceau. J’ai également affectionné la menaçante Depth Charge; l’une des rares pièces instrumentales captivantes.

Cela dit, même si la désuétude guette plus que jamais DJ Shadow, ça demeure toujours agréable de replonger dans son univers, ne serait-ce que pour cette affection qu’il a pour les rythmes improbables. Pas un grand disque, mais somme toute un agréable divertissement.

Ma note: 6,5/10

DJ Shadow
The Mountain Will Fall
Reconstruction Records
53 minutes

http://djshadow.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0Oyti58LzS8[/youtube]

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