Critiques

dinosaur jr

Dinosaur Jr.

Sweep It Into Space

  • Jagjaguwar Records
  • 2021
  • 45 minutes
7

Âgé de 55 ans, J Mascis est aujourd’hui considéré comme une icône du rock états-unien tous genres confondus. Depuis la fin des années 80, spécifiquement avec Dinosaur Jr., le vétéran a érigé une discographie qui fera assurément époque, si ce n’est déjà fait. Des preuves ? You’re Living All Over Me (1987), Green Mind (1991) et Where You Been (1993), trois disques importants qui sont de parfaits vestiges de leur époque.

Après la sortie de l’album Bug (1988), le flegmatique Mascis a préféré faire cavalier seul poussant vers la sortie les deux autres membres fondateurs de la formation : Lou Barlow et Murph. Après la sortie de Hand It Over (1997), on croyait Dinosaur Jr. mort et enterré. À notre grande surprise, après dix années d’interruption, le trio original est revenu à la vie avec l’excellent Beyond (2007). En raison de la relation acrimonieuse qui a toujours existé entre Mascis et Barlow, notre étonnement était d’autant plus grand.

Depuis ce temps, Dinosaur Jr. revient ponctuellement avec un nouvel album. En 2016, le groupe nous offrait le fort potable Give a Glimpse of What You’re Not. Comme toujours, sans se réinventer, on redécouvrait le son si caractéristique de la formation; les explosions de guitares et les solos à l’emporte-pièce de Mascis, la batterie binaire et néandertalienne de Murph ainsi que le jeu de basse abrasif et les deux habituelles chansons, toujours réussies, de Barlow.

En catimini, sans trop faire de bruit, les « dinos » sont de retour avec un nouvel album intitulé Sweep It Into Space. Enregistré au domicile de Mascis situé à Amherst, Massachusetts et avec l’aide du respecté Kurt Vile, les sessions ont été suspendues pendant un certain temps pour les raisons que l’on connaît. Le placide meneur a donc dû poursuivre l’enregistrement en mode esseulé ce qui l’a assurément réjoui dans son for intérieur. Le meneur de la formation aime bien mener les choses à sa manière.

Encore une fois, Dinosaur Jr. nous balance la même recette dans les oreilles, celle qui a fait son succès au cours des trente-cinq dernières années. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne à nouveau magnifiquement bien. Et pourquoi ? Parce qu’il n’y a que très peu de groupes rock qui ont réussi à se façonner une identité sonore aussi forte. Après avoir entendu ne serait-ce que dix petites secondes d’une chanson de Dinosaur Jr., vous savez à qui vous avez affaire. Quoi qu’on en dise, le post-hardcore-punk-grunge-alternatif du groupe possède une signature forte et inimitable.

Pour qu’un album de Dinosaur Jr. passe la rampe, il doit contenir une majorité de chansons accrocheuses et Sweep It Into Space en renferme plusieurs. La guitare hurlante de Mascis évoquant à la fois Jimi Hendrix et Ron Asheton (The Stooges) dans I Met the Stones est jouissive. And Me rappelle In Between Days des Cure, mais en mode « dino ». L’extrait I Ran Away est la pièce qui se rapproche le plus de l’univers de Kurt Vile et, au risque de nous répéter, les deux morceaux de Barlow (You Wonder et Garden) sont bouleversants et réussis.

Dans ce monde en perpétuel changement, il est parfois réconfortant d’enfiler de bonnes vieilles pantoufles qui, dès que vous les avez aux pieds, vous procurent une sensation de bien-être. Dinosaur Jr., c’est le hot-dog englouti en regardant un match de baseball, c’est le spaghetti au fromage gentiment préparé par maman et la poutine de fin de soirée après une soirée alcoolisée. Un indémodable classique du rock américain.

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