Destroyer
Dan’s Boogie
- Merge Records
- 2025
- 37 minutes
J’avais beaucoup aimé Kaputt de Destroyer. Beaucoup est un euphémisme, 14 ans après sa sortie quand je pensais au projet de Daniel Bejar, c’est immédiatement aux bois chauds de Joseph Shabason, à la dégaine unique de semi-crooner de Bejar et au groove incroyablement délicieux de John Collin de cet album décoré que je pensais. Depuis, j’ai apprécié les créations de Destroyer qui ont toute une particularité qui vaut le détour, mais quand je voulais écouter Destroyer, je revenais à Kaputt. Et là, en mars, Daniel Bejar lance Dan’s Boogie. Après la première écoute, j’ai compris que c’était l’album que je ne savais pas que j’attendais de Destroyer tout ce temps.
C’est peut-être à cause du saxophone de Joseph Shabason qui se fait entendre à nouveau sur Cataract Time? Mais je pense que c’est une affaire de dynamique de l’album. Il y a quelque chose qui a profondément cliqué en moi à l’écoute de celui-ci. Et pourtant, ça ne s’est pas passé immédiatement à la sortie, même si le simple Bologna avec Fiver avec déjà fait des ravages, je l’ai écouté énormément depuis mars. Mais c’est au cours du mois de juin que je suis tombé réellement dans le boogie de Dan et quel boogie les ami.e.s!
Il faut dire que les cordes qui nous accueillent sur The Same Things as Nothing at All commence les choses en grand. Un orchestre nous introduit à ce nouvel album avec un piano bien présent et des claviers joyeux. Puis, la voix de Bejar embarque et paf! On retrouve ce sentiment à la fois d’anticipation et de grande joie qui avait charmé dans Kaputt. Destroyer est à son meilleur et à aucun moment au cours de l’écoute ce plaisir ne va s’estomper.
Le côté un peu absurde et philosophique de Dan Bejar et son écriture en flux de conscience sont pleinement présents. Cependant, il l’a harnaché un petit peu que dans les derniers albums, comme le démontre habilement l’excellente Hydroplaning Off the Edge of the World. Et la musique suit parfaitement les paroles de Bejar, comme cette guitare électrique beaucoup trop à l’avant dans le mix qui vient briser momentanément la pièce avant que la mélodie principalement reprennent tranquillement sa place.
Dan Bejar a dit que c’est le fait de vieillir qui l’a inspiré sur cet album, ou plutôt, la réalisation qu’après avoir parlé beaucoup de chose qui se délabre, le processus devenait beaucoup plus réel en vieillissant. Je paraphrase l’excellente entrevue d’Arielle Gordon dans Stereogum. Ce propos prend tout son sens à l’écoute de la pièce-titre, qui parle aussi du fait d’être un peu désorienté. Un autre sentiment que la vieillesse insuffle à Bejar. Oubliez la sagesse de ceux qui pensent avoir tout compris, Destroyer est encore à la recherche et son chemin musical pour arriver à faire du sens de la vie est absolument magnifique.
Si vous n’avez pas encore donné la chance à Dan’s Boogie, je vous intime de le faire. C’est un album richissime aux compositions de grande qualité, aux textes profonds et aux mélodies intoxicantes. Un des meilleurs albums de 2025. Et pour la première fois depuis 2011, quand je pense à Destroyer, je pense désormais à deux albums.